Première - Hors-série

LEKLOU DU SPECTACLE

Bombe à fragmentat­ion, Karim Leklou a explosé en deux temps cette année : en août, dans Le monde est à toi, et en novembre, dans la série Hippocrate.

- PAR CHRISTOPHE NARBONNE

Depuis le temps qu’on le suit, qu’on le pense et qu’on le dit : cet homme-là en a sous le capot. Avec son physique imposant à la Jean-Roger Milo (second rôle massif des 80s) et sa sensibilit­é à fleur de peau, Karim Leklou présente un profil atypique, qui lui permet de zigzaguer entre les emplois et les genres depuis ses débuts, en 2009, dans Un Prophète de Jacques Audiard. On a véritablem­ent découvert sa puissance d’incarnatio­n dans Coup de chaud (2015) de Raphaël Jacoulot : menaçant et fragile, il semait le trouble dans un petit village dont on découvrait qu’il en était en fait la victime. Cette performanc­e lui valut une prénominat­ion au César du Meilleur Espoir 2016 mais, surtout, attira sur lui l’attention du métier. Il a depuis multiplié les rôles plus ou moins importants chez les soeurs Coulin

(Voir du pays), Laurent Teyssier (Toril), Katell Quillévéré (Réparer les vivants) ou Arnaud des Pallières (Orpheline), privilégia­nt la qualité à la visibilité. Son goût assez sûr et son exigence ont fini par payer. Dans Le monde est à toi, succès surprise de l’été, en petit voyou écrasé par son excentriqu­e de mère, il est à la fois le catalyseur de l’intrigue et celui qui fait briller les seconds rôles –Adjani et Cassel en tête. Un effacement volontaire qui traduit une intuition et une maîtrise du jeu plutôt rare pour l’autodidact­e qu’il est. Même chose dans Joueurs de Marie Monge où, tantôt brutal tantôt bienveilla­nt, il est le complément parfait du chien fou, Tahar Rahim. Avec la série Hippocrate, il franchit encore un cap en termes d’épure. Son personnage de médecin légiste, obligé de donner un coup de main à des internes dépassés, est un modèle d’incarnatio­n intérioris­ée, sans esbroufe, cherchant moins à impression­ner qu’à convaincre. Comme il nous l’avait dit en mai dernier, à Cannes où il défendait Le monde est à toi, « j’admire chez François son aspiration à la normalité ». Karim Leklou, l’acteur normal pour qui on vote les yeux fermés. Rendez-vous aux prochains César ?

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