90 Arctic
MADS VS. WILD. L’Arctique, immensité immaculée où il n’y a pas âme qui vive. Dans cet enfer blanc, un scientifique survit après un crash d’avion. Son quotidien est rythmé par le froid et l’acharnement à établir un contact avec une civilisation lointaine pour qu’on vienne à sa rescousse. C’est la proposition d’Arctic, survival polaire et minimaliste, premier long du nouveau venu Joe Penna. Sur le papier, rien ne déroge au cahier des charges du genre si ce n’est un Mads Mikkelsen à toute épreuve, portant le film sur ses épaules carrées et emmitouflées. À propos de cette petite sensation du dernier Festival de
Cannes, l’acteur danois nous avait confié que c’était le film pour lequel il en avait le plus bavé, jusqu’à aller se castagner avec un ours
(ou presque). L’hiver arrive, vous voilà prévenus. PREMIÈRE : Il y a des similitudes entre Le Guerrier silencieux et Arctic : ce sont des survivals en territoire hostile, votre composition est très intérieure et vous en prenez plein la gueule.
Mads Mikkelsen : Je vois où vous voulez en venir... Physiquement, les deux rôles sont très opposés. Mais les personnages se rejoignent dans leur solitude. One-Eye, le guerrier, est complètement muet. Il ne parle jamais. Le personnage d’Arctic, lui, parle mais sa situation de détresse et son isolement font qu’il reste dans le monologue.
Lequel de ces deux rôles a été le plus compliqué à incarner ? Arctic, sans aucun doute. J’en ai vraiment bavé jusqu’à en perdre plusieurs kilos. On a tourné en Islande dans un environnement brutal et très changeant. Mais, d’un autre côté, c’était aussi un compagnon de route qui m’a aidé dans ma composition. Je n’avais pas besoin de jouer que je mourais de froid : je mourais littéralement de froid !
C’est une parfaite synthèse de votre style. D’un côté, il y a ce côté physique et instinctif. De l’autre, vous intériorisez toutes vos émotions dans un carcan monolithique.
Oui, c’est vrai. Il essaie de contrôler la situation mais il est totalement brisé physiquement et émotionnellement, fatigué de se battre contre une nature plus forte que lui. Les conditions de tournage ont augmenté ma fatigue, j’ai refoulé toutes mes émotions au plus profond. C’est ça aussi qui crée la surprise chez le spectateur : en remontant à la surface, elles leur explosent au visage.