Première

Julia Ducournau

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Vous parlez de film « crossover » à propos de Grave, ça signifie quoi exactement ?

J’insiste surtout pour qu’on ne parle pas de film d’horreur : les gens qui iront voir Grave pour avoir peur vont être très déçus. Moi qui suis très cliente de ce cinéma-là, je sais que ça n’a rien à voir. Aucune chance de sauter de son siège. Cela ne veut pas dire pour autant que Grave n’est pas un film de genre, mais disons que c’est un film de genres, au pluriel...

Le terme « cross-over » signifiera­it-il une rencontre entre cinéma d’auteur et de genre ?

C’est essentiell­ement pour éviter les labels. Dès l’écriture, les gens ont tendance à mettre ton film dans des cases préétablie­s. C’est un vrai problème, qui empêche même certains films d’exister dans notre système. Je voulais qu’on rit, qu’on pleure ou qu’on soit étonné devant Grave.

Le fait qu’un film aussi singulier puisse exister ici raconte-t-il quelque chose sur notre époque ?

J’ai l’impression, à force d’avoir rencontré les gens en festival, qu’on en a marre de ne plus être surpris au cinéma. Et pas seulement en France. Il y a une demande pour un cinéma hors case, où tu avances dans le film à tâtons en ne sachant jamais sur quoi tu vas tomber. Les gens qui ont le plus aimé Grave m’ont tous dit « J’ai adoré parce que je ne m’attendais pas du tout à ça ! » u

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