LES PROIES
Sofia Coppola enferme Nicole Kidman, Kirsten Dunst et Elle Fanning dans un pensionnat de jeunes filles en pleine guerre de Sécession. Le remake sous haute tension d’un classique underground avec Clint Eastwood.
Le 14 mai 1971, au moment où Sofia Coppola naît à New York, le film de Don Siegel avec Clint Eastwood, Les Proies, se joue peut-être encore dans quelques salles à travers les ÉtatsUnis. Mais alors dans l’indifférence générale. Ce conte gothique sur un soldat nordiste blessé, recueilli en pleine guerre civile dans un pensionnat de jeunes filles du Sud confédéré, a été un désastre commercial. Pas grave : Siegel et Eastwood ne vont pas tarder à se refaire une santé avec L’Inspecteur Harry, méga-hit qui fixe l’image de sa star pour l’éternité : violent, macho, inflexible. Un cliché que
Les Proies mettait en fait déjà en crise, en arpentant la face B du mythe Eastwood : peur des femmes, obsession morbide pour la virilité, hantise de la castration. Quarante-six ans plus tard, ce film est vénéré comme un classique souterrain et Sofia Coppola est devenue grande. Suffisamment pour passer outre les gardiens du temple eastwoodien et proposer aujourd’hui sa relecture de ce chef-d’oeuvre méconnu, en en inversant la perspective : l’histoire ne sera plus racontée du point de vue du soldat (désormais joué par Colin Farrell) mais de celui des femmes du pensionnat, un essaim de « Southern Belles » interprété par trois générations de divas diaphanes (Kidman, Dunst, Fanning). Où l’on reconnaît le goût de la réalisatrice de Virgin Suicides pour les univers féminins autarciques. « C’est le genre de monde onirique que j’affectionne, oui, mais cette fois-ci avec une intrigue ! », a-t-elle teasé en rigolant. Annoncé pour le 23 août en France, Les Proies sera sans doute le bienvenu à Cannes dès le mois de mai. Notre version à nous de la fameuse « hospitalité du Sud. »