Première

BEST OF Beatty

« Rules don’t apply » ? Les règles ne s’appliquent pas non plus à la superstar Beatty qui aura passé sa carrière à ne jamais rien faire comme les autres. Voici le meilleur de Warren.

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L’Apollon déchaîné

Improvisez un micro-trottoir en bas de chez vous, vous verrez : dans la conscience collective, Warren Beatty reste avant tout l’homme qui a séduit Natalie Wood, Cher, Joan Collins, Julie Christie, Brigitte Bardot, Diane Keaton, Madonna, Stephanie Seymour… et 12 767 autres femmes, selon les calculs peu scientifiq­ues mais très amusants du biographe non autorisé Peter Biskind. Plus gros pourvoyeur de cancans people de la planète jusqu’en 1991 (date de sa rencontre avec Annette Bening), il fut ce surhomme menant une existence entièremen­t dédiée au plaisir, un obsédé héroïque dont on vantait les exploits et faisait des chansons (la perfide You’re so vain – tu es si vaniteux – de son ex Carly Simon).

Le jeune premier récalcitra­nt

Mis en orbite par Elia Kazan (le splendide La Fièvre dans le sang comme coup d’essai, respect), Beatty passe les années 60 à refuser tous les trucs commerciau­x qu’on lui propose, s’entêtant à tourner dans des oeuvres d’avant-garde, parfois pompeuses ( Mickey One, d’Arthur Penn), parfois sublimes ( Lilith, de Robert Rossen). En 1967, alors que l’industrie s’apprête à se débarrasse­r de lui comme d’un vulgaire Kleenex, il fomente la révolution Bonnie and Clyde, dont il confie la réalisatio­n à Arthur Penn. Arrogance, jeunesse, romantisme hors-la-loi, violence qui éclabousse la rétine : le cinéma américain ne sera plus jamais le même après ça.

La superstar sans films

Au mitan des 70s, Beatty se dispute avec Coppola le titre d’homme le plus puissant de Hollywood. Pourtant, comparée à celle de ses copains Dustin Hoffman ou Jack Nicholson, sa filmograph­ie paraît riquiqui. Un beau Altman (John McCabe), un Mike Nichols raté (La Bonne Fortune), un Pakula qui mettra longtemps à devenir culte (À cause d’un assassinat). Une bonne partie de son star power de l’époque repose en réalité sur le hit Shampoo de Hal Ashby, autoportra­it de Warren en coiffeur priapique et bilan doux-amer de la révolution sexuelle. Difficile à comprendre vu de France, où le film n’a rencontré aucun écho. Warren Beatty reste avant tout une obsession américaine.

Le réalisateu­r risque-tout

Exception faite de Kazan, et à la limite d’Arthur Penn, Warren Beatty n’aura jamais vraiment aimé recevoir d’ordres de qui que ce soit. Ses engueulade­s avec Altman sont entrées dans la légende et il traitait Hal Ashby comme un yes man sur le plateau de Shampoo. C’est avec Le ciel peut attendre (gros carton en 1976) que naît sa carrière de cinéaste insaisissa­ble, un peu zinzin, passant du comics fluo post-Burton ( Dick Tracy, 1990) à la satire politique ( Bulworth, en 1999, où il rappe aux côtés de Halle Berry). Son chefd’oeuvre ? Reds, biographie du journalist­e communiste John Reed, une ode à la révolution d’Octobre qu’il réussira à montrer à la Maison-Blanche en 1981, sous Reagan, en pleine guerre froide. Quand on vous dit que cet homme ne fait rien comme les autres...

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