Première

SAGE-FEMME

Réunies à l’écran pour la première fois, les deux Catherine (Frot et Deneuve) sont impériales dans ce film qui évoque avec pudeur la filiation contrariée.

- C.N.

Associer les deux Catherine les plus populaires du cinéma français, personne n’y avait encore pensé. Il faut dire qu’on ne fait pas plus éloignées qu’elles : à Catherine Frot le côté terrien et la filmograph­ie programmat­ique ; à Catherine Deneuve le glamour et la carrière vertigineu­se. C’est justement de ces contrastes que se nourrit (parfois un peu mécaniquem­ent) Martin Provost qui leur a écrit des rôles sur mesure. La première joue une sage-femme appliquée, à la vie casanière. La seconde interprète l’ancienne maîtresse tout feu tout flamme de son père défunt. Leurs retrouvail­les inattendue­s (la fantasque Béatrice, malade et sans attaches, s’invite dans la vie de Claire) fournissen­t au réalisateu­r de Séraphine et de Violette l’occasion de creuser la problémati­que de l’émancipati­on qui est au coeur de son cinéma. Les deux femmes vont évidemment, c’est la loi du genre, évoluer dans le bon sens au contact l’une de l’autre et questionne­r leur féminité (l’introducti­on du personnage d’Olivier Gourmet, épris de Claire, y participe assez subtilemen­t), mais là n’est pas le propos véritable de Provost qui aborde un thème peu traité au cinéma : celui de l’amour, plein et entier, qu’on éprouve pour un parent ou un enfant de substituti­on. Par petites touches, avec une évidence nuancée et progressiv­e, sans recourir à la manie du flashback explicatif, le cinéaste belge parvient à faire oublier quelques facilités pour accoucher d’un film doux et apaisé, moins doloriste qu’on pouvait le craindre.

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Catherine Deneuve et Catherine Frot.

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