À CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS
Pour son premier long métrage, Adam Smith décrit les tribulations d’une famille de nomades hors la loi et tente de concilier ses ambitions réalistes avec son passé de clippeur.
À ceux qui nous ont offensés mise beaucoup sur ses interprètes pour incarner, sur trois générations, la complexité des conflits au sein d’une famille de pieds nickelés plus ou moins sympathiques. Le grand-père, un patriarche illettré et fier de l’être (Brendan Gleeson), règne depuis son fauteuil de jardin sur une bande de gitans irlandais spécialisés dans le cambriolage des manoirs de la région. Son fils Chad (Michael Fassbender) est loyal, mais cherche à s’affranchir à la première occasion, comme en témoignent ses efforts pour donner à son propre fils (Georgie Smith) l’éducation que lui-même n’a jamais eue. Le seul sentiment partagé à l’unanimité par les membres de la communauté, c’est leur mépris pour la loi et pour ceux qui l’appliquent. Pendant longtemps, le film donne l’impression d’un dérapage plus ou moins contrôlé dans sa recherche d’un équilibre entre la sensibilité du drame familial, le réalisme documentaire et l’excitation du thriller hors la loi. Les meilleurs moments surviennent lorsque Smith filme ses personnages en voiture, comme pour rappeler que les gens du voyage ne sont jamais aussi vivants que lorsqu’ils se déplacent. Au passage, il ne peut pas masquer son savoir-faire issu du vidéo-clip, notamment lors d’une mémorable course-poursuite nocturne, rythmée par la musique des Chemical Brothers, auxquels il avait consacré un documentaire. La résolution, à la fois optimiste et lucide, lève le doute et emporte l’adhésion.