BEAU SÉJOUR
Une jeune femme mène l’enquête sur son propre meurtre... Un whodunit surnaturel made in Belgique qui tord le cou aux clichés du genre.
Au printemps dernier, Première se penchait sur la vitalité du cinéma belge. Belgitude qui gagne aussi les séries, au point d’avoir poussé
Variety à parler de consécration d’un « Belgian Noir » après le succès de La Trêve ou de Beau Séjour au dernier festival Séries Mania, d’où cette dernière est repartie avec un prix du public... à raison. Inspirée par le Nordic Noir et le polar insulaire british, Beau Séjour n’est pas qu’un whodunit classique baignant dans la culture locale. L’enquêteur est aussi la victime, passée de vie à trépas. Soit Kato, 19 ans, qui découvre son corps inerte et en sang dans la chambre de l’hôtel qui donne son titre à la série. L’héroïne, mort-vivante, découvre ensuite que certaines personnes peuvent la voir et se demande pourquoi... De ce postulat « shyamalanien » inversé, la série va constituer sa propre grammaire du film de fantômes, en exploitant le surnaturel de la façon la plus réaliste possible. Point de vue intéressant qui donne lieu à de belles trouvailles scénaristiques, même si les règles que la série s’est fixées ont parfois tendance à être négligées. Heureusement, son parti pris de départ permet à
Beau Séjour de se renouveler sans souffrir de temps morts. Visuelmais lement, elle baigne dans une atmosphère lourde et pénétrante à la
Twin Peaks, solidement renforcée par la qualité de sa mise en scène, oeuvre d’un duo de réalisatrices au diapason. Devant leur caméra, une révélation : Lynn Van Royen. Elle sera prochainement au générique de la série Tabula Rasa, coécrite par une certaine Veerle Baetens (l’actrice de Alabama Monroe). La fiction télé belge n’a visiblement pas dit son dernier mot.