NETFLIX AND KILL ?
Netflix partout ! Dans ce magazine, sur nos écrans... et même à Cannes ! En annonçant que Okja, le dernier film de Bong Joon-ho et la nouvelle production originale du studio, concourait pour la Palme d’or, Thierry Frémaux a lancé la polémique. « Comment ose-t-il ? », « il signe la mort des salles », entendait-on à la sortie de la conférence de presse. Netflix and kill ? D’abord, ce n’est pas la première fois que le Festival accueille des projets qui ne sont pas forcément destinés à la salle. On a vu, dans l’auditorium Louis Lumière, des séries télé (Carlos), des téléfilms (Elephant) ou des films qui n’eurent finalement jamais de distributeurs. On rappellera aussi que c’est en vidéo que de nombreuses oeuvres montrées sur la Croisette trouvent leur public. Thierry Frémaux avait donc parfaitement raison de rappeler que « Bong Joon-ho est un grand cinéaste contemporain, il fait un film, il nous le montre, on l’aime, le film est montré ». Le vrai problème n’est pas là. Le vrai problème, ce sera celui du Jury. Quel président prendra la responsabilité de donner la Palme à un film que personne d’autre que les festivaliers ne pourra voir sur grand écran ? Almodóvar osera-t-il récompenser une oeuvre qui ne sera jamais vue en salles ailleurs qu’à Lumière ? La charge symbolique d’une telle décision paraît sacrément lourde. Dans ces conditions, le 28 mai, Okja pourrait tranquillement rejoindre la liste de notre Top 20 du mois, celui des films oubliés par le Palmarès. Et pour une bonne raison !