BABY DRIVER
Edgar Wright appuie sur le champignon avec ce film de bagnoles entièrement « drivé » par sa playlist. Un fantasme de cinéma qu’il mûrit depuis deux décennies.
En Angleterre, tout commence toujours par une pop song. En 1995, Edgar Wright (qui n’était pas encore le réalisateur de Shaun of the Dead ou de Hot Fuzz) écoutait en boucle un morceau de Jon Spencer Blues Explosion intitulé Bellbottoms, en visualisant l’incroyable scène de course-poursuite qu’il pourrait tourner dessus. Un délire qui fit germer en lui l’idée d’un personnage de cinéma fantasmatique : un getaway
driver (vous savez, ces types qui tiennent le volant quand les braqueurs de banques doivent décamper au plus vite, comme Ryan Gosling dans Drive) qui ne pourrait conduire qu’en écoutant ses morceaux fétiches, et composerait sa playlist à la minute près, en fonction des exploits automobiles qu’il a à accomplir. Wright méditera cette idée pendant des années, la testant une première fois dans un clip ( Blue Song, de Mint Royale, 2002), avant de comprendre qu’un film pareil devait se tourner aux États-Unis, et pas à Londres – « là-bas, à cause du nombre de rues en sens unique, les braqueurs se déplacent surtout en scooter ». Baby
Driver est donc ce fantasme fait film, une promenade motorisée dans l’iPod d’un driver nommé Baby (Ansel Elgort), qui prend sa boîte de vitesses pour une boîte à rythmes. Avec Jamie Foxx, Jon Hamm et Kevin Spacey sur la banquette arrière, et nous à la place du mort. Pour préparer le film, Edgar Wright dit avoir étudié de près le mythique Driver de Walter Hill (déjà l’influence principale de Nicolas Winding Refn pour Drive), la façon dont chaque course-poursuite y était pensée comme « un haïku d’action ». Action, vitesse, mouvement, découpage, poésie du bitume et soundtrack qui tue… On essaie de garder notre calme, mais il se pourrait bien que Baby Driver soit le film le plus cool jamais tourné. u
BABY DRIVER
De Edgar Wright • Avec Ansel Elgort, Lily James, Jamie Foxx, Jon Hamm… • Sortie 23 août.