Première

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Le délégué général du Festival de Cannes a pris le temps, en pleine préparatio­n de la Sélection officielle, de revenir sur des propos tenus par le passé.

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE NARBONNE

Thierry Frémaux

Il y a d’une certaine manière un conformism­e auteuriste en France dont on souffre tous. » Objectif-cinema.com, octobre 2003.

« Tous les “ismes” du XXe siècle ont eu droit à leur inventaire sauf “l’auteurisme” en cinéma. Je ne parle pas des artistes, bien sûr – de ce point de vue, les choix effectués par nos aînés dans les années 50 restent toujours valides. Mais des codes de comporteme­nts inventés dans ces années-là sont répétés à l’infini et nuisent parfois au renouvelle­ment des discours. »

Un bon film à Berlin, Toronto ou Venise sauve la Sélection. Un mauvais film à Cannes tue la Sélection. » Technikart, novembre 2010.

« C’est une façon hâtive de résumer les choses, mais c’est juste dans l’esprit. N’oublions pas que Cannes est un festival pour les profession­nels et pour la presse, quand Toronto et Berlin accueillen­t du public. La différence est fondamenta­le. Jadis, à Cannes, on pouvait “cacher” un film fragile, faire des hypothèses, laisser grandir un auteur, aujourd’hui, tout est épié et jugé à l’aune de la plus grande exigence. »

La Palme d’or idéale, c’est un film d’auteur avec des stars et qui a du succès. » Lefigaro.fr, mai 2013.

« Rien à ajouter ! Les exemples sont multiples. Mais cela ne signifie pas qu’un chef-d’oeuvre sans stars et sans spectateur­s ne fera pas une bonne Palme d’or. Cannes est un festival d’art cinématogr­aphique, pas le festival du “succès commercial”. »

Mentir, ce n’est pas très gênant dans le cadre de mes fonctions. » France Inter, janvier 2017.

« J’ai dit ça à l’oral mais je maintiens, tout en précisant : quand je “mens”, c’est pour la bonne cause, en défense d’un film ou d’un artiste. Masquer mon enthousias­me, par exemple, pour ne pas créer trop d’attente ; ne pas vexer un cinéaste par une volonté de franchise qui ne serait pas comprise ; dire d’un film qui n’est pas réussi qu’on ne l’a pas vu, afin de ne pas ruiner sa réputation future ; parler uniquement des films que nous voyons et pas des autres, etc. »

Almodóvar conserve des relations complexes avec une compétitio­n qui ne lui a jamais souri. » ”Sélection officielle”, paru en janvier 2017.

Je vois souvent Pedro à Paris ou à Madrid. Aujourd’hui, je le sens en paix avec la course aux prix. S’il fut déçu de ne pas recevoir la Palme d’or l’année de Tout sur ma mère, il est passé outre. Il connaît sa place dans l’histoire du cinéma, il fait son oeuvre, il travaille. C’est un homme plein de doutes, et c’est bien, d’avoir des doutes. Quand je lui ai proposé la première fois d’être président du Jury, il a refusé : “Serai-je à la hauteur ?” Almodóvar ! J’aime cette modestie et ce questionne­ment sur soi. »

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Thierry Frémaux a publié Sélection officielle chez Grasset.

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