02 VALSE AVEC BACHIR (ARI FOLMAN, 2008)
Avant les producteurs de La La Land aux Oscar 2017, il y eut ce pauvre Ari Folman à Cannes en 2008. Le premier jour, Valse
avec Bachir lance la Compétition sur des bases surélevées : expérimentales (un dessin animé documentaire), politiques (l’examen de conscience israélien trente ans après la guerre du Liban) et poétiques (le rêve, le souvenir et le fantasme comme chemin vers la vérité). Les festivaliers tiennent leur Palme, mais le Jury présidé par Sean Penn choisit contre toute attente Entre les murs, projeté quelques minutes à peine avant leur délibération. La suite est un énorme bug, jamais tout à fait élucidé : Folman a déjà reçu le coup de fil lui demandant d’assister à la Cérémonie de clôture (un appel qui garantit théoriquement un prix) et personne ne songe à le contacter pour lui conseiller de rester chez lui, une fois établi qu’il est éjecté du palmarès. Dans la salle Lumière, les prix passent qui le rapprochent de la martingale ultime. Il n’en reste plus qu’un, le plus grand, il est là, c’est pour lui... Et puis non, c’est pour François Bégaudeau ! Ari, dans tous ses états, passe le dîner de clôture face « à des gens qui le regardent comme si un membre de sa famille venait de mourir ». Philosophe, il dira : « Ça a fait une promo du tonnerre pour le film en Israël. Il a cartonné grâce à ça, donc tout va bien. » Ce qui s’appelle faire bonne figure. Mais quel chefd’oeuvre, quand même !