Première

ON L'APPELLE JEEG ROBOT

Un film de superhéros réjouissan­t, très classique et respectueu­x du genre. Mais au fait... comment dit-on « vengeur » dans la langue de Fellini ?

- SYLVESTRE PICARD

Un voleur minable tombe dans un fleuve rempli de produits radioactif­s et en ressort doté de superpouvo­irs. Il va affronter ses anciens complices du gang local. Vous avez reconnu sans trop faire d’efforts le pitch le plus bateau et le plus usé de toute l’histoire des pitchs de films de superhéros : sauf qu’ici le fleuve s’appelle le Tibre et que la bagarre se déroule dans une banlieue prolo de Rome. Ce simple décalage spatial rend le film très excitant. Il est aussi rempli de détails rigolos : le premier réflexe de notre héros Enzo (Claudio Santamaria, taillé brut) découvrant ses pouvoirs est de piquer un distribute­ur de billets et de se payer une tonne de vidéos porno et de Danette vanille qu’il engloutit aussitôt. Suivant une tradition inaugurée par Spider- Man, la création du superhéros entraîne inévitable­ment celle d’un supermécha­nt : en l’occurrence, il s’agit du « Gitan », sorte de Joker transalpin sous coke, ex-chanteur de télé crochet devenu mafieux et interprété avec une joie débridée par Luca Marinelli. L’injection de superpouvo­irs et d’imagerie postmodern­e (néons de boîte de nuit, fusillades sanglantes hystéro) dans le polar rase-bitume italien fonctionne bien. Comme son ambitieux épilogue l’affirme, On l’appelle Jeeg Robot a beau parfois se prendre les pieds dans son histoire d’amour un peu fragile (mais qui explique le titre), c’est le film de superhéros le plus classique, le plus respectueu­x et le plus agréable vu depuis un bon bout de temps.

 ??  ?? Luca Marinelli.
Luca Marinelli.

Newspapers in French

Newspapers from France