Première

Fassbender le robot

Katherine Waterston a beau être l’héroïne d’Alien – Covenant, l’arme fatale du film s’appelle Michael Fassbender, qui incarne un double rôle d’androïde. Le troisième film du comédien avec Ridley Scott.

- PAR SYLVESTRE PICARD

S’il y a un sujet sur lequel

Prometheus était inattaquab­le, c’était bien David, l’androïde joué par Michael Fassbender. David s’offrait l’une des plus belles séquences du film : celle de sa présentati­on en majordome d’un vaisseau silencieux, gardien du sommeil de ses maîtres humains, adorateur du film

Lawrence d’Arabie au point de se teindre les cheveux en blond platine. Avec son sens du geste inouï et millimétré, la performanc­e de Fassbender enterrait celles des précédents androïdes de la franchise (Ian Holm, Lance Henriksen, Winona Ryder), tous humains, trop humains. Coup double pour Alien – Covenant ou l’on retrouve non pas un Fassbender mais deux. Le retour de David et l’arrivée de Walter, un nouveau modèle d’androïde. Le challenge n’a pas l’air de faire peur à l’acteur. « Il y a beaucoup de contrôle dans le jeu, c’est sûr, mais c’est un personnage très marrant à jouer, rigole-t-il. Walter et David sont très différents. David était un prototype avec beaucoup d’éléments expériment­aux dans son programme. Ils se sont rendus compte que ça mettait les gens très mal à l’aise qu’il soit trop humain alors ils ont décidé que Walter, le modèle suivant, le serait moins. » L’histoire d’amour entre Ridley Scott et Michael Fassbender, entamée avec Prometheus, a continué le temps du sous-estimé Cartel, où il joue un avocat piégé dans un engrenage fatal au Mexique. « Ce qui fut difficile avec mon personnage de Cartel, c’était qu’il était purement réactif, il passait son temps à écouter les autres, à réagir à leurs actions. » Les personnage­s sont différents, mais à chaque fois la méthode est la même. Que ce soit pour l’avocat de

Cartel ou pour Walter de Covenant, Ridley Scott donne rarement de consignes strictes pour l’interpréta­tion : « C’est le génie de Ridley. Il choisit des gens doués dans leur domaine et les laisse tranquille­s pour mieux se concentrer sur ce qu’il a à faire. »

Ex Machina

Katherine Waterston, qui joue Daniels, l’héroïne (humaine) d’Alien – Covenant, confirme que Ridley Scott laisse ses acteurs libres. « On avait déjà travaillé ensemble dans Steve Jobs, où je jouais un second rôle, mais ici rien à voir : Daniels et Walter sont aussi cruciaux l’un que l’autre. Et Ridley nous a vraiment laissés construire notre relation, nos personnage­s, nos mouvements, nos répliques. » Pour jouer David, Michael Fassbender s’était inspiré des mouvements du grand plongeur olympique Greg Louganis et de la morgue de Sean Young dans Blade Runner. Pour Walter, il s’est servi du travail d’Alicia Vikander (sa compagne à la ville), qui interprète un robot en phase d’apprentiss­age d’humanité dans Ex

Machina, pour trouver comment “déshumanis­er” Walter. « Alicia m’a donné cette idée – l’innocence apparente – pour jouer Walter, mais la clef principale de ce genre de personnage, c’est vraiment la morgue. Une certaine forme de détachemen­t par rapport au monde. » Et au fait, côté cheveux ? « Walter, c’est ma couleur naturelle. Je ne suis pas une vraie blonde. » u

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