Première

SUR UN PLATEAU

Portée par le buzz critique et public obtenu l’an dernier sur OCS, la sitcom Irresponsa­ble entame sa deuxième saison avec une volonté intacte de réinventer la fiction comique française. Mais l’équipe a dû surmonter un tournage intense s’apparentan­t à une

- u PAR DAMIEN LEBLANC

Irresponsa­ble, de Frédéric Rosset

Un lundi matin de juin dans un grand établissem­ent scolaire de ChâtenayMa­labry, en région parisienne. Tandis que des centaines de collégiens bientôt en vacances s’agitent dans la cour de récréation, la cafétéria et le CDI ont été pris d’assaut par une équipe de tournage composée d’une trentaine de personnes. C’est ici que vont se tourner, toute la journée, diverses séquences de la deuxième saison d’Irresponsa­ble, programme de 10 x 26 minutes qui a séduit il y a tout juste un an les abonnés d’OCS avec son histoire de trentenair­e immature retournant vivre chez sa mère avant de découvrir qu’il est le père d’un enfant de 15 ans conçu avec son amour de jeunesse. La série continue à recevoir des éloges douze mois après sa première diffusion, remportant, début juin, le prix du meilleur acteur pour Sébastien Chassagne (le comédien principal) décerné par l’Associatio­n des critiques de séries ( ACS) ; elle était par ailleurs nommée dans trois autres catégories, ce qui est un bel exploit pour une sitcom au budget si limité.

Marathon man

Sur le plateau, Stephen Cafiero, réalisateu­r de l’intégralit­é de la première saison, prend plaisir à la direction d’acteurs : « T’es au max et les Ferrailleu­rs ? T’es au max et les Maximonstr­es ? Alors on y va ! » La bonne humeur qui règne compense les conditions quelque peu spartiates du tournage. « On a 24 jours pour tourner et c’est plus difficile que pour la saison 1 car il y a beaucoup de nouveaux personnage­s et davantage d’interactio­ns entre les comédiens. On tourne entre 8 et 11 minutes utiles par jour, c’est un marathon couru à la vitesse d’un sprint », reconnaît le réalisateu­r. « On doit livrer entre 220 et 250 minutes d’images, c’est hors du commun. Une série hertzienne classique tournerait ça en 50 ou 60 jours. Mais on a 5 à 8 fois moins de budget qu’une production TF1 ou Canal+ et on doit aller très vite », confirme le producteur Antoine Szymalka, en charge d’Irresponsa­ble pour Tetra Media. Un rythme éprouvant, car, ajoute Stephen Cafiero, « on tourne parfois

de nuit, ça demande de la résistance physique. Pour réussir, il faut avant tout laisser de la place aux comédiens, les mettre dans de bonnes conditions pour qu’ils s’éclatent et portent l’énergie de toute l’équipe ». Arrivé en milieu de matinée, le scénariste et créateur Frédéric Rosset (qui a imaginé le concept d’Irresponsa­ble il y a trois ans au sein de la première promotion du cursus séries de la Fémis) jette du haut de ses 29 ans un oeil au moniteur vidéo. « Je ne viens pas en permanence sur le tournage mais je tiens à assister à certaines séquencesc­lés, c’est rassurant d’être sur place. » Pour celui qui citait Bruno Podalydès, Riad Sattouf, Kaamelott ou The IT Crowd comme références de la première saison, « il y a cette fois deux axes précis qui ont motivé l’écriture. On voulait mettre Julien davantage en danger par rapport à ses conditions matérielle­s de vie. Et aussi élargir les points de vue pour mettre en avant les autres personnage­s centraux. La principale référence, c’est finalement la seconde partie de la première saison, qui quittait l’univers comique du début pour offrir un mélange de drame et de comédie, avec des moments très émouvants. Là, il y a des épisodes qui se terminent sans qu’on sache si on doit rire ou pleurer. » « J’aurais adoré que la saison puisse être diffusée pile un an après la première, mais on a pris un peu de retard pour cause de disponibil­ité tardive des comédiens », avoue Frédéric Rosset, qui a écrit les nouveaux épisodes avec sa soeur Camille. De fait, Théo Fernandez (l’interprète de Jacques, le fils adolescent de Julien et Marie) a incarné entre-temps le rôle-titre de Gaston Lagaffe dans l’adaptation ciné signée Pef qui sortira en 2018. L’occasion pour l’auteur de souligner les qualités du casting d’Irresponsa­ble : « C’est l’obsession de Stephen et des acteurs de croire à l’humain et de ne pas s’enfermer dans la simple mécanique du texte. Ils apportent quelque chose de précieux. » « Le personnage de Julien est resté tout aussi irresponsa­ble, mais il accuse davantage le coup », témoigne le comédien Sébastien Chassagne. « Moi qui trouvais qu’on me voyait trop en première saison, où je finissais par m’autosaoule­r, j’apprécie qu’on devienne maintenant une série à plusieurs visages. Le public va être surpris et c’est le but. » Même constat pour Marie Kauffmann, l’interprète de Marie : « Dans la première saison, mon personnage était quand même beaucoup en réaction même si elle s’affirmait à la fin. Je suis contente qu’elle ait maintenant un panel d’émotions plus larges. Cette série est assez naturalist­e dans le sens où tout le monde peut s’y reconnaîtr­e. Marie me touche car cette jeune femme surmenée se trouve à un endroit de vérité absolue qui l’oblige à dire les choses. » Alors que la fin de journée approche et que Sébastien Chassagne se lance dans des improvisat­ions qui provoquent les fous rires de l’équipe, Antoine Szymalka livre un éloge du format 26 minutes. « OCS a instauré une politique qui permet de développer des personnage­s qu’on n’a pas l’habitude de voir ailleurs. Ce format permet ici faire de la “dramédie” et atteindre des grands degrés de subtilité. » Citant Master of None, il ajoute que l’absence de diversité des formats dans la fiction française entraîne un manque de disparité dans la représenta­tivité des personnage­s. « Des centaines de nouveaux héros pourraient surgir dans le 26 minutes, pour un public plus large. » Quand verra-t-on cette prometteus­e saison 2 d’Irresponsa­ble ? « On monte cet été et on sera prêts pour qu’elle soit visible fin 2017 » affirme Frédéric Rosset. « Mais je ne connais pas encore les plans de diffusion de la chaîne. » On sait en revanche que Sam Karmann, « un super acteur, qu’on a pu attirer grâce à la saison 1 », précise Stephen Cafiero, apparaîtra dans cette nouvelle salve d’épisodes. « Il y a un certain temps, quand je parlais de séries pour OCS, les gens me raccrochai­ent au nez. Maintenant ils sont plutôt demandeurs, notamment les agents car les comédiens ont une vraie liberté sur de tels projets. La chaîne ne met certes pas énormément d’argent mais ça leur permet d’être plus autonomes dans le jeu. » Vers l’autonomie et au-delà ?

« ON DEVIENT MAINTENANT UNE SÉRIE À PLUSIEURS VISAGES. » SÉBASTIEN CHASSAGNE, COMÉDIEN

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Théo Fernandez et Sébastien Chassagne sur le tournage de la saison 2 d’Irresponsa­ble.
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