Première

TOM OF FINLAND

Sous ses airs de biopic classique, Tom of Finland interroge l'origine de l'esthétique culte « casquette -lunettes Chips-moustache fournie » d’un certain imaginaire érotique gay.

- ANOUK BRISSAC

Célébré dans son pays mais mal connu chez nous (ne nous est parvenu que son Heart of a Lion en 2014), le réalisateu­r finlandais Dome Karukoski pourrait changer la donne en un film (son septième) et quelques coups de crayon. Ceux, joyeusemen­t lubriques, tracés par son héros, Touko Laaksonen, alias Tom of Finland, qui, dans les années 60-70, tissa le fil manquant entre de très secrets fantasmes porno gay et la pop culture. S’il est aujourd’hui reconnu comme un dessinateu­r-phare de l’homo-érotisme contempora­in, inventeur d’une imagerie débridée peuplée de garçons aux courbes exagérémen­t culturiste­s, émanations de profession­s viriles (marins, flics, militaires) ultra-sexualisée­s, fesses sanglées de cuir, jambes plantées dans des bottes de motard, son parcours fut semé d’embûches. Le film le retrace, de sa jeunesse de soldat à ses années sombres de planqué dans une Finlande où l’homosexual­ité est alors illégale, à – enfin ! – la lumière du soleil californie­n où ses dessins très cul, qu’il fit voyager en douce à L.A., vont éblouir une communauté homo en pleine ébullition pré-Village People. Malgré son ADN « hot », le film reste un biopic plutôt lambda qui peine à l’allumage, alourdi par des métaphores (bombes qui explosent/éjaculatio­n) et un démarrage qui multiplie allers-retours, ellipses et « visions » de l’artiste. Mais ce bémol narratif est vite compensé par l’intérêt du sujet et la satisfacti­on de mettre un nom, un sens et une origine sur une iconograph­ie qui influença des génération­s de créateurs, de Helmut Lang à Pierre&Gilles en passant par Robert Mapplethor­pe.

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Þorsteinn Bachmann, Lauri Tilkanen, Jakob Oftebro.

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