CIEL ROUGE
Premier film d’Olivier Lorelle, Ciel rouge est une romance sur fond de guerre d’Indochine, portée par un duo d’acteurs à la beauté sauvage.
Propulsé par une musique synthétique lourde, Ciel rouge s’ouvre sur des panoramas surplombant une jungle dense, rappelant certaines des étendues luxuriantes de The Lost City of Z, le dernier James Gray. Mais derrière ce paysage exotique et menaçant, il n’y a pas de place ici pour l’exploration. Olivier Lorelle raconte un épisode de la guerre d’Indochine. Une guerre dure, sale et implacable. C’est l’histoire d’un soldat français, Philippe, qui préfère prendre la tangente avec sa prisonnière vietminh plutôt que de la torturer à mort. De cette échappée belle et impromptue, qui place instantanément le film dans l’orbite d’Outrages de Brian De Palma, naît une relation ambiguë entre la victime et son ancien tortionnaire. D’abord ennemis au regard de leur idéaux et de leurs nations respectives, ils vont ensuite se serrer les coudes dans l’adversité d’un environnement naturel violent avant de devenir peu à peu amants. Le réalisateur arrive à instaurer avec les moyens du bord un climat de peur minimaliste et terrifiant, comme dans cette scène claustrophobe où le couple tente de s’abriter dans des galeries souterraines. Ciel rouge s’interroge également sur les ravages psychologiques de la guerre et les limites de l’engagement patriotique. Entre caméra à l’épaule et envolées de Steadycam façon Terrence Malick (l’ombre du génie texan plane assurément ici, du spectre de La Balade sauvage à ceux de La Ligne rouge et du Nouveau Monde), c’est un film de guerre atypique et une superbe romance érotique.