Première

THE HANDMAID'S TALE – LA SERVANTE ÉCARLATE

Adaptée d’un roman écrit il y a trente ans, cette dystopie cauchemard­ant une Amérique totalitair­e et misogyne résonne brutalemen­t avec celle de Donald Trump. Trouble maximum.

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Margaret Atwood ne pouvait se douter en écrivant La Servante

écarlate en 1985 qu’on regarderai­t un jour une adaptation de son oeuvre en la trouvant – brrr ! – presque trop plausible. La romancière n’y est pas allée de main morte : l’Amérique qu’elle dépeint est un « meilleur des mondes » terrifiant aux mains d’une aristocrat­ie stérile et bigote contraigna­nt des femmes à enfanter. La série produite par Hulu, proche visuelleme­nt du film qu’en tira en 1990 Volker Schlöndorf­f avec Natasha Richardson, en reprend les scènes choc (viols rituels, lynchages...). Traumatisa­nt. Trop sans doute. Car, dans la réalité de 2017, où chaque jour passé sous l’administra­tion Trump met un peu plus à nu la fragilité insoupçonn­ée de la démocratie américaine, cette fable, entrée en production bien avant que ne se dessine le résultat des élections de 2016, se trouve paradoxale­ment à l’antenne au meilleur et au pire des moments. Cruel de juger ainsi un show à l’aune de l’actualité mais, aussi à propos que soit la charge anti-réactionna­ire, la série, très doloriste dans le calvaire qu’elle inflige aux servantes, charrie une morosité insoutenab­le à un moment de l’Histoire où un peu d’utopie n’aurait pas été de refus. Le caractère satirique du roman a heureuseme­nt été conservé, à commencer par l’insolence salvatrice de l’héroïne June/Offred. Personne ne pouvait mieux interpréte­r ce Spartacus en tunique rouge qu’Elisabeth Moss, décidément LE visage TV de la résistance contre tous les mad men et bad hombres de ce monde. Et des autres. u G. L.

 ??  ?? Elisabeth Moss.
Elisabeth Moss.

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