BETTER CALL SAUL – SAISON 3
Les liens du sang sont-ils au-dessus de la loi ? Un bon arnaqueur est-il amoral ? Le meilleur du ciné US des 70s dans une série devenue inévitable.
Better Call Saul vaut bien plus que sa réputation initiale de spinoff discret et méritant de Breaking Bad. De « petite » série au sens de ce qu’elle raconte (les bouleversements intimes d’un arnaqueur sans envergure) et de son approche minimaliste du récit, elle a muté en chef-d’oeuvre pulp sur la loi et la morale, la société et l’individu, Caïn et Abel, le tout avec le style et l’acuité du meilleur cinéma américain des années 70. À l’issue de sa saison 2, qui resserrait le garrot autour de notre héros Jimmy McGill, son frère retors, Chuck, et sa collègue/amante, Kim (Jimmy falsifiant des documents de Chuck au bénéfice de Kim, ignorante du coup), Better Call Saul est devenue deux excellentes séries en une : celle de Jimmy, donc, que l’on voit s’assécher moralement et courir à sa perte, et celle de Mike Ehrmantraut, l’ex-flic à la gueule burinée, forcé de replonger dans une vie de criminel pour le bien-être de sa petite fille. Souvent l’objet de longues scènes de bricolage muettes et mystérieuses (qui ne prennent leur sens qu’à la fin de l’épisode), Mike est un mercenaire qui s’assume, un triste avant-goût de ce qui attend ce pauvre Jimmy sur le chemin du renoncement (et son contrepoint physique parfait). Le masque ne tardera plus à tomber maintenant ; Saul Goodman, son (futur) alter ego, attend en coulisses. Trompé une fois de trop par son frère adoré, lassé de toujours vouloir (mal) jouer les justes, Jimmy commence à comprendre qu’il y a de l’argent à se faire en fermant les yeux et en devenant une ordure. Pourquoi n’y a-t-il pas pensé plus tôt ?