Première

EL MARGINAL

Comment proposer une série carcérale aujourd’hui, sans marcher sur les plates-bandes de celles qui l’ont précédée ? Défi relevé par une prod argentine.

- J. B.

Encore une série derrière des barreaux ? Celle qui nous occupe a la particular­ité d’avoir tapé dans l’oeil de David Chase, quand le créateur des Soprano présidait le jury du festival Séries Mania en 2016. Venue d’Argentine, El Marginal prouve qu’il est encore possible de jouer avec les codes du genre. L’originalit­é n’est pas à chercher à la surface de son pitch, qui voit son héros de flic infiltrer une prison de Buenos Aires, pour enquêter incognito sur la disparitio­n de la fille d’un juge, victime de kidnapping... L’arche narrative, en manque de souffle, fait se succéder un empilement de storylines inégales, évoquant un Prison Break latino, fibre émotionnel­le et effets de manche compris, la frontalité en plus. On connaît la chanson. Mais si l’on passe outre ses errances scénaristi­ques, El Marginal a un truc, que l’on perçoit notamment dans ses capacités à détourner un certain nombre de clichés pénitentia­ires, s’amusant des contradict­ions et des paradoxes qui peuvent régner parmi les détenus, ou au sein de l’administra­tion qui les a à l’oeil. Sa force, c’est d’assumer aussi bien la carte de l’ironie qu’une vive peinture sociale de l’Argentine. La prison devient alors le terrain d’observamen­t tion privilégié du dysfonctio­nnement d’institutio­ns que l’on aurait rassemblée­s et mises sous cloche. Sans doute plus percutante si elle avait resserré son intrigue sur un nombre plus réduit d’épisodes, El

Marginal a réussi néanmoins son pari : imposer un ton. Sur fond de hip-hop argentin.

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Juan Minujin.

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