Première

ENTRETIEN

Actrice, réalisatri­ce, documentar­iste, citoyenne d’ici et d’ailleurs, Mélanie Laurent s’est peu à peu aménagée une place unique au sein du cinéma français. Mais comment fait-elle ? Première est allé le lui demander à l’occasion de la sortie de Plonger, so

- u PAR SYLVESTRE PICARD

Mélanie Laurent

Àpeine dans une case qu’elle saute dans une autre. Actrice césarisée pour un drame pluvieux français (Je vais bien,

ne t’en fais pas), la voilà fille bourgeoise ennuyée et délurée dans une comédie belge tordue (Dikkenek) puis néo-Nikita avec robe lamée et gros flingue dans Requiem pour une tueuse. Tarantino la choisit pour être sa tueuse de nazis dans Inglouriou­s Basterds, elle retourne très vite en France mettre en boîte un premier long instantané­ment culte (Les Adoptés). Flic d’Interpol dans un blockbuste­r yankee (Insaisissa­bles), elle tourne dans la foulée Demain, un documentai­re écolo qui fait un million d’entrées et décroche un César. Cette année, elle signe Plonger, un beau drame sur une jeune femme qui joue au Grand Bleu, et dans le même temps, décroche son premier boulot américain en tant que réalisatri­ce, Galveston, premier script cinéma de Nic « True Detective » Pizzolatto (d’après son roman), avant de courir donner la réplique à un Jean Dujardin moustachu dans le vaudeville en costumes de Laurent Tirard, Le Retour du héros. Insaisissa­ble, Mélanie Laurent ? Il a en tout cas fallu l’interviewe­r par téléphone car elle était partie en Argentine jouer un membre du commando qui a capturé Adolf Eichmann dans Operation Finale, thriller réalisé par Chris Weitz dont elle partage l’affiche avec Oscar Isaac. Mais on a quand même pu parler de Plonger, son nouveau film où l’on suit Paz (María Valverde), une photograph­e lassée de sa vie de jeune mère aux côtés de son mec (Gilles Lellouche), et qui va brutalemen­t disparaîtr­e à la recherche d’un absolu. Plonger passe du drame CSP+ en appartemen­t (avec engueulade­s conjugales autour du montage de meubles Ikea et des couches à changer) à un film traversé de fulgurance­s où Paz se perd dans la fascinatio­n de l’élément liquide. Il y avait déjà cette volonté d’aller vers un cinéma plus abstrait dans Respire, son précédent long métrage de fiction, bien au-delà de son argument de romance lycéenne. C’est donc logiquemen­t sur le terrain de la mise en scène qu’on est allé chercher Mélanie Laurent.

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