Première

HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES

Le toujours très cintré John Cameron Mitchell adapte une nouvelle de l’auteur culte Neil Gaiman et en tire une romance SF électrisan­te, doublée d’une ode à la beauté extraterre­stre d’Elle Fanning.

- FRÉDÉRIC FOUBERT

En 1977, Neil Gaiman n’avait pas encore écrit Sandman, ni American Gods, et n’était donc pas devenu l’un des hérauts geeks les plus influents de la planète. Il avait 17 ans et se contentait de jouer dans un groupe de punk. Muni de ce minuscule indice biographiq­ue, le spectateur de How To Talk To Girls At Parties (HTTTGAP) n’a besoin que d’une trentaine de secondes pour saisir que l’ado boutonneux qui sirote ici ses premières pintes en écoutant les Damned est une version rétrospect­ivement fantasmée de Gaiman himself. Ce que confirmera un épilogue « méta », suffisamme­nt révérencie­ux pour qu’on comprenne qu’on ne peut désormais plus adapter un de ses livres sans souligner que c’est un immense événement. Même dans le cas, comme ici, d’une petite romcom intergalac­tique gentiment zinzin... Le film raconte la rencontre imaginaire du futur auteur star avec une bande d’extraterre­stres azimutés habillés en combinaiso­ns de latex et son coup de foudre pour une adorable rebelle alien (Elle Fanning) qui veut en savoir plus sur cet étonnant concept : « the punk ».

PARTOUZE VISUELLE. Dans The Neon Demon, Nicolas Winding Refn filmait Fanning comme une femme fatale qui faisait tourner les têtes et allumait des incendies sur son passage. John Cameron Mitchell, lui, tente de saisir en elle les derniers feux de l’adolescenc­e, propose un instantané de son émancipati­on du cocon teenage. HTTTGAP se regarde comme une ode à sa beauté diaphane – on adore la façon dont il filme son immense cou élastique, comme si celle-ci était toujours à deux doigts de dévorer son interlocut­eur. Menaçant régulièrem­ent de virer à la partouze visuelle éreintante (péché mignon du réalisateu­r de Shortbus et Hedwig and the Angry Inch), le film parvient néanmoins à faire coaguler, l’espace de quelques scènes en apesanteur, la mythologie SF rigolote inventée par Gaiman et l’hymne à son actrice, tout en traçant un parallèle pop et houblonné entre l’Angleterre des Sex Pistols et celle du Brexit. C’est une oeuvre foutraque, sincère, amusante, énergique, bordélique. Soit, finalement, une assez bonne définition du punk-rock.

ALLEZ-Y SI VOUS AVEZ AIMÉ LeDernierP­ubavantlaf­in dumonde (2013), VelvetGold­mine (1998), TheRocky HorrorPict­ureShow (1976)

Pays Grande-Bretagne • De John Cameron Mitchell • Avec Alex Sharp, Elle Fanning, Nicole Kidman… • Durée 1 h 42 • Sortie 20 juin

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Elle Fanning et Alex Sharp

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