THREE GIRLS
Reconstitution édifiante d’un fait divers sordide, cette minisérie parvient à fabriquer de la fiction en respectant scrupuleusement les faits.
Holly, 15 ans, fait face à la police. Interpellée par les forces de l’ordre pour avoir brisé, quelques heures plus tôt, le comptoir d’une boutique, elle va commencer à parler... et évoquer les viols dont elle a été victime dans ces mêmes lieux. Minisérie en trois épisodes produite par la BBC, Three Girls raconte, par le menu, l’affaire dite de Rochdale, qui a révélé l’exploitation sexuelle de nombreuses adolescentes par un groupe organisé dans le nord-ouest de l’Angleterre. Le procès aura lieu en 2012 après plusieurs années d’attente. La faute à une succession de négligences, notamment policières, par craintes de débordements racistes (du fait de l’origine ethnique des accusés). En se plaçant du point de vue des victimes et des adultes qui oeuvreront pour porter l’affaire devant les tribunaux, la scénariste Nicole Taylor donne chair à sa minisérie en la nourrissant de témoignages rapportés dans la presse et de procès-verbaux des audiences. Chaque scène et ligne de dialogue est pesée, sans faire de concessions sur la forme. La grammaire sérielle est omniprésente, les twists sont autant de rebondissements qui ont agité l’affaire et même le « previously » prend la forme d’une audition où un témoin récapitule les événements vécus avant que l’épisode ne reprenne son cours normal. Three Girls évoque alors à la fois Loach ou les Dardenne, mettant en scène des personnages aux prises avec une fatalité dont ils ne seront tirés que par l’action de quelques figures attentives. Le casting est au coeur du sujet : bouleversant, il donne corps avec force à ces héroïnes du réel.