MISSIONS ▪ ACCOMPLIES
Et s’il n’en restait qu’un(e) ? Un agent, un méchant, un réal, une femme, un Cruise. Voici notre best of de la saga Mission : Impossible, avant que Fallout ne vienne bousculer les certitudes.
L’IMPOSSIBLE MISSION FORCE
Impossible de lister ici tous les membres de l’Impossible Mission Force : depuis 1996, le turn-over du personnel est incessant. Si Ving Rhames est recordman des apparitions (six films au compteur, autant qu’Ethan Hunt), c’est sans doute Simon Pegg, ex- comic relief devenu agent de terrain et mascotte de la saga, qui témoigne le mieux de la place que Tom Cruise a su laisser aux autres au fil du temps. Rigolo chez J. J. Abrams, puis rigolo et athlétique chez Brad Bird, puis rigolo, athlétique et émouvant chez McQuarrie… Benji Dunn élargit un peu plus sa palette à chaque Mission.
LES
ETHAN HUNT LADIES
Ethan Hunt, homme à femmes ? Une piste esquissée par Brian De Palma (le triangle amoureux Cruise/ Voight/ Béart), « hitchcockisée » par John Woo (M:I 2, un remake des Enchaînés avec des motos et du flamenco), banalisée par J. J. Abrams (Ethan Hunt épouse madame Tout-le-monde et devient monsieur Tout-le-monde), puis abandonnée par Brad Bird… Christopher McQuarrie est venu mettre de l’ordre dans tout ça grâce à Ilsa Faust et au somptueux ballet érotique qu’elle danse avec Hunt tout au long de Rogue Nation. Des scènes d’action filmées comme des scènes d’amour ? Hitchcock, c’est sûr, aurait apprécié.
LES RÉALISATEURS
Rogue Nation l’a prouvé : McQuarrie a tout compris à Mission : Impossible.
Mais les grands préceptes esthétiques de la saga restent quand même ceux édictés par De Palma dans son rutilant blockbuster de 1996. Il avait atomisé le souvenir de la série sixties dans le premier quart d’heure de son film. McQuarrie, lui, y revenait à la toute fin de Rogue Nation, comme pour boucler la boucle et se mesurer au patron. Fallout sera l’épreuve de vérité, le test ultime. Le moment où McQ peut prouver que M:I est désormais sa saga.
À lui et à personne d’autre.
MÉCHANTS LES
Le Jim Phelps manipulateur du premier volet était un bad guy d’exception, mais Jon Voight était en partie porté par la mythologie de la série originelle. Dougray Scott ? Le nadir de la saga. Michael Nyqvist et Philip Seymour Hoffman ? De bons sous-Blofeld. Léa Seydoux ? Jolie variation sur le cliché de la garce française. Il a fallu attendre le Solomon Lane de Rogue Nation, sa voix éraillée, son menton fuyant, ses petites lunettes de fonctionnaire zélé, pour qu’Ethan Hunt trouve un adversaire à sa hauteur. De l’avantage d’être né sous la plume de l’homme qui a inventé Keyser Söze.
LES TOM CRUISE
Quel Ethan Hunt préférezvous ? Dans le premier volet, Cruise a encore ses attitudes de yuppie tête à claques. Ethan n° 2, lui, est en plein ego-trip, la coupe mi-longue au vent. Ethan 3 ? Bof. Ethan 5 ? Inégal d’une scène à l’autre. Notre préféré est celui dessiné par Brad Bird dans Protocole fantôme : la gueule fatiguée mais conquérante, l’épaisseur physique idéale, les meilleures cascades (le Burj Khalifa, la course-poursuite à l’aveugle dans la tempête de sable…), les meilleures blagues, la meilleure coupe de cheveux. Top Tom.