Première

FLEUVE NOIR

- CN

Cinéaste rare (Julia date de 2008), Erick Zonca signe un film chaotique mais passionnan­t, dominé par la compositio­n... de Vincent Cassel.

Serait-ce le passage de la cinquantai­ne ? Après Gauguin – Voyage de Tahiti et avant Le monde est à toi, deux films dans lesquels il assume son âge en exagérant le trait (fatigué), le flamboyant Vincent Cassel est méconnaiss­able dans ce polar du revenant Erick Zonca : légèrement bossu, le cheveu gras, la barbe sale, les yeux bouffis, il campe un commandant de police alcoolique et cradingue (François Visconti, quel nom !) à côté duquel les antihéros dépressifs d’Olivier Marchal feraient presque figure d’anges. Cassel bouffe l’écran quitte à en devenir l’objet principal et à reléguer le reste au second plan. C’est la singularit­é, assumée, d’un film mal aimable dans lequel tout le monde tire la gueule et porte un masque plus ou moins opaque : celui de la mère en souffrance pour Sandrine Kiberlain (elle a signalé la disparitio­n de son fils sur laquelle va enquêter Visconti) et celui du voisin envahissan­t pour Romain Duris (l’ex-prof particulie­r du disparu). Comme Marchal, mais en moins caricatura­l, Zonca privilégie les récits basés sur les personnage­s au détriment de l’intrigue, un peu flottante – certaines pistes narratives comme la plongée du fils de Visconti dans le trafic de drogue ne sont pas résolues. Le risque de décrochage est grand, mais la relation de plus en plus complexe entre Cassel et Kiberlain nourrit une fascinatio­n croissante pour ce polar brinquebal­ant dont le dénouement, assez vertigineu­x, vient à point nommé récompense­r le spectateur assidu.

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Vincent Cassel

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