LES VIEUX FOURNEAUX
Pierre Richard, Eddy Mitchell et Roland Giraud sont les trois grigous attachants de cette adaptation de la BD à succès.
Ça ne commence pas très bien. Pierre Richard essaye de saboter une agence bancaire avec un guetteur en déambulateur, puis va récupérer Eddy Mitchell à la sortie de la maison de retraite Meuricy (entendre « meurs ici »). L’esprit gaguesque de la BD d’origine, porté par des dialogues « à la Audiard », est certes respecté, mais le passage des cases aux plans et des bulles aux punchlines fait comme souvent craindre le pire en matière d’incarnation. Puis, à mesure que les éléments de l’intrigue se mettent en place et que les acteurs prennent pleinement possession de leurs personnages, Les Vieux Fourneaux troque son anarchie pépère pour une mélancolie tenace. Pierre Richard, Eddy Mitchell et Roland Giraud incarnent trois papys farceurs nés dans une campagne qui a longtemps vécu au rythme de la grande usine locale. Lorsque l’ancien syndicaliste (Giraud) apprend, cinquante ans plus tard, la liaison de sa femme défunte avec le patron honni, il décide de venger son honneur en tuant l’amant, désormais grabataire et installé en Toscane. Ses deux poteaux, accompagnés de sa nièce, l’empêcheront-ils de commettre l’irréparable ? Traversé de belles idées de mise en scène (les trois flash-back du film bénéficient chacun d’un traitement visuel adapté), Les Vieux Fourneaux lève peu à peu le voile sur ses véritables intentions : dénoncer le déni de réalité qui plonge des hommes dans le désespoir profond. C’est aussi triste et beau que ce plan subjectif de Giraud regardant, l’oeil humide, le côté vide du lit.
ALLEZ-Y SI VOUS AVEZ AIMÉ Les Vieux de la vieille (1960), Nos meilleures années (2003), Le sLIP, l’ imagination au pouvoir (2007)
Pays France • De Christophe Duthuron • Avec Pierre Richard, Eddy Mitchell, Roland Giraud… • Durée 1 h 40 • Sortie 22 août