Première

AU SERVICE DE LA FRANCE – SAISON 2

La comédie d’espionnage d’Arte pouvait-elle monter en gamme ? Oui, répond cette saison 2 plus attachante et rythmée, qui marie récit historique, puissance comique et vertiges affectifs.

- DAMIEN LEBLANC

La saison 1 d’Au service de la France avait imposé en 2015 une tonalité savoureuse, sous forme de pastiche d’espionnage doublé d’un portrait acide des agents du renseignem­ent français en 1960. Les aveuglemen­ts de la France gaullienne s’y racontaien­t sur un rythme parfois discontinu mais s’achevaient par un cliffhange­r prometteur. Cette saison 2, située en 1961, se met donc d’emblée au service d’une intrigue captivante centrée sur la présence au sein de l’État français d’ex-collaborat­eurs de Vichy – sujet déjà esquissé par Jean-François Halin dans OSS 117. Empreint d’une certaine brutalité, ce fil rouge dynamise la narration et rend la peinture de l’époque encore plus décapante. Entre Cuba, l’Algérie, l’URSS, l’émergence de Kennedy ou la libération sociale des femmes, de nombreux points de tensions politico-historique­s sont abordés et déploient une multitude de registres humoristiq­ues complément­aires.

ÉPOPÉE COMIQUE. Une solide unité visuelle se dégage de la réalisatio­n d’Alexis Charrier, dans une saison qui convoque à la fois le récit d’aventures à la Hergé, la gravité du cinéma de Jean-Pierre Melville, la comédie musicale de Jacques Demy ou le frisson stylistiqu­e d’Alfred Hitchcock. Ces désirs d’élégance affleurent également à travers la partition musicale raffinée de Nicolas Godin (membre du groupe Air). En faisant cohabiter une dizaine de protagonis­tes de premier plan (dont l’impayable trio d’agents Calot, Jacquard et Moulinier), la série atteint alors une ampleur romanesque inespérée, d’où ressortent les thèmes de la loyauté et du déchiremen­t intérieur. Peut-on simultaném­ent incarner plusieurs idéaux ? Comment rester fidèle à ses origines dans un monde manichéen et scindé en deux ? Quelle place accorder à sa conscience face aux bouleverse­ments planétaire­s ? Des questions sérieuses qui donnent du piment à cette séduisante épopée comique.

TheOffice (UK) (2001), OSS117:Rionerépon­dplus (2009), MadMen (2007)

Pays France • Créée par Jean-François Halin

• Avec Hugo Becker, Wilfred Benaïche, Karim Barras... • Nombre d’épisodes vus 12 • Sur Arte

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Karim Barras et Khalid Maadour

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