Première

ROULEZ JEUNESSE

- DAMIEN LEBLANC

Un dépanneur automobile immature et trois enfants abandonnés. Un premier long où Éric Judor surprend et excelle.

Plus encore qu’un savant art du twist, le premier film de Julien Guetta manie tout au long de son récit de sensibles et inspirées ruptures de ton. L’histoire d’Alex, dépanneur automobile qui travaille dans le garage de sa mère, démarre comme une comédie génération­nelle haute en couleur sur un « adulescent » contraint de passer ses journées à bord de sa dépanneuse. Vive et enlevée, la narration dessine un amusant personnage de quadra immature. Puis, le destin d’Alex bascule vers un registre plus mélodramat­ique quand ce grand égoïste se retrouve contre toute attente avec trois enfants abandonnés sur les bras. D’abord obsédé par sa tranquilli­té, notre héros se voit peu à peu acculé et poussé dans ses retranchem­ents. Au fur et à mesure que le protagonis­te évolue sous nos yeux, le film pénètre à son tour un terrain cinématogr­aphique de plus en plus social et poignant. Toujours rythmé et lumineux (la photo diurne maintient constammen­t le récit dans une atmosphère estivale), le projet change pourtant d’ampleur en traitant les motifs de la famille et de la filiation de manière bien plus directe que prévu. Et cette aventure de finir, grâce à sa remarquabl­e direction d’acteurs, par tordre le ventre et serrer le coeur. Au sein de cet équilibre miraculeus­ement trouvé entre rire et larmes, Éric Judor excelle et surprend. La quête d’Alex paraît en effet progressiv­ement devenir celle du comédien, capable ici d’assumer le drame et d’exprimer sa sentimenta­lité dans des proportion­s jusqu’alors inédites.

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Éric Judor

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