THE GUILTY
Enfermez-vous avec un flic danois pendant quatre-vingt cinq minutes : The
Guilty est un épatant petit polar intelligent.
Un soir comme les autres au standard téléphonique de la police de Copenhague. Asger, un flic costaud, reçoit appel après appel jusqu’au moment où... On va s’arrêter là puisque The Guilty est le genre de film malin qui réserve son lot – fort conséquent – de surprises. Un petit film high concept, car on ne quittera jamais les deux pièces froides du commissariat, toute l’action passant par Asger et ses appels téléphoniques incessants. Ce n’est pas qu’une posture un peu chic de premier film qui fait tout pour se la raconter : The Guilty est aussi bien écrit qu’extrêmement soigné techniquement (avec notamment un travail sur le son remarquable), obligeant le spectateur à composer une géographie mentale qui lui livrera l’une des clés de l’intrigue. Mais The Guilty passe surtout 1 h 25 à patiemment construire puis déconstruire un personnage de flic complexe et fouillé, touche par touche, mot par mot, nuance par nuance. L’épatant Jakob Cedergren (vu dans Submarino de Thomas Vinterberg ou Antigang de Benjamin Rocher avec Jean Reno) incarne ainsi avec mille nuances – sa voix, son regard, sa façon d’enlever et de remettre son kit mains libres, voire même le geste de ses doigts sur un clavier – un héros constamment frustré par son désir d’action. Sa frustration, au fur et à mesure des appels, des coupures de réseau et des interruptions, alimente la dynamique inquiétante et brisée du film. The Guilty devient, en creux, l’histoire fondamentalement tragique de l’échec d’un héros.