... ET LES AUTRES
Dans Roulez jeunesse, comédie dramatique signée Julien Guetta, Éric Judor s’essaie à un registre de jeu plus grave qu’à l’accoutumée. L’occasion de vérifier s’il pense toujours la même chose de l’art comique.
Éric Judor
Je trouve que la comédie française est très surlignée. Ce sont toujours des histoires simplistes qui traitent de la lutte des classes. » Society, mai 2017
« Je confirme. Quand je dis que la comédie est surlignée, je veux dire qu’on grossit les traits de chaque personnage. Mais en plus, tout se passe au premier plan : seul le gag compte. Il n’y a plus que ça qui importe et on se moque complètement du cadre, de l’image. Du beau, en somme. »
J’ai envie de voir des choses écrites, pas que des trucs spontanés. Aujourd’hui, on s’improvise comique parce qu’on a 2 millions de clics. » Chronicart, octobre 2013
« On vit dans le royaume de l’immédiateté. C’est le règne des youtubeurs, des instagrameurs et des snapchateurs. On appelle ça des influenceurs. Ils se filment dans leur cuisine et font une petite vanne dessus. C’est une humeur plus que de la vraie comédie. Moi, ça ne me suffit pas. Pour me faire rire, il faut que l’humeur soit ensuite taillée, produite, bossée. »
Chaplin c’était putassier, de l’émotion vulgaire. (...) En plus, il est un peu pédophile sur les bords. » Brain Magazine, mai 2017
« Si un acteur dramatique a fait des choses condamnables, on peut quand même être soufflé par ses performances. Mais pour rire avec un comique, il faut avoir de l’affection pour lui. Quand on sait des trucs dégueulasses, comme c’est le cas pour Chaplin, on le regarde avec beaucoup moins d’affection. Ce type m’a fait rire ! Mais c’était avant. »
J’ai plus envie de jouer dans des séries qu’au cinéma, où l’histoire d’amour avec son personnage est trop brève. » Le Monde, septembre 2013
« J’écris actuellement la saison 3 de
Platane et c’est un régal de vivre autant d’heures avec des personnages qui me font marrer. J’ai déjà deux saisons derrière moi et, comme c’était le cas pour H et ses 71 épisodes, cela permet d’emmener le public très loin. Au cinéma, on met un coup de poing dans le ventre du spectateur. Mais les séries, c’est comme si on l’étranglait doucement pendant très longtemps. Cette métaphore est vachement sadique, t’as vu ? »
Quentin Dupieux m’a appris à avoir confiance en une situation et à ne pas essayer de ramener le rire par autre chose. » Télérama, novembre 2012
« Les films de Quentin sont très exigeants pour les comédiens. Il nous demande de faire des choses cliniques. Et
Roulez jeunesse va exactement dans ce sens-là : j’ai entièrement fait confiance au réalisateur, qui m’a emmené à un endroit où je ne devais pas constamment faire de vanne ou de gag. Il fallait que je garde le personnage, que j’aille au bout avec lui. Ce qui est d’autant plus fort. »