SORRY TO BOTHER YOU
Film social autant que comédie déglingo, Sorry to Bother You se donne pour mission de nous faire marrer en mettant un coup dans les noisettes du capitalisme et de la grande machine à blanchir que sont les États-Unis.
Au moment où vous lisez ces lignes, Sorry to Bother You (« Désolé de vous déranger ») devrait finalement avoir une date de sortie française en salles. Si l’on en croit les propos de son réalisateur Boots Riley sur Twitter, la comédie indé américaine la plus azimutée de l’année a (enfin) été achetée par un distributeur français plus téméraire – que les autres. Le rappeur et cinéaste dont il s’agit du – premier long métrage est récemment entré en guerre contre la frilosité des acheteurs internationaux et se bat contre l’idée, saugrenue, que son film serait réservé au seul public afro-américain. Cassius, un démarcheur téléphonique noir (Lakeith Stanfield, vu dans Get Out et la série Atlanta), se découvre la capacité d’imiter une voix de Blanc bon chic bon genre, gagnant ainsi la confiance de ses clients. Alors que ses collègues se rebellent contre leurs lamentables conditions de travail, Cassius devient un traître à la cause en gravissant les échelons de l’entreprise, mais il apprend rapidement que l’étage de la direction cache un macabre secret... Inclassable, jamais là où on l’attend, poil à gratter et démolisseur de grammaire cinématographique, Sorry to Bother You cache sous un vernis de dinguerie pop une comédie racée (parfois ouvertement débile) avec dix idées de mise en scène à la minute, autant qu’une charge quasi révolutionnaire. Boots Riley pointe du doigt un système qui pousse les Noirs à renier leur couleur de peau pour s’intégrer, tout en étant ouvertement pro-syndicaliste dans un pays où le terme est proche du gros mot. Un foutoir merveilleux et excessif qui dessine les contours d’un nouveau cinéma social américain « vénère », n’ayant plus peur d’appeler à casser du PDG. Mais avec le sourire.
SORRY TO BOTHER YOU De Boots Riley • Avec Lakeith Stanfield, Tessa Thompson, Armie Hammer… • Durée 1 h 45 • Sortie prochainement