Première

KEV ADAMS La star qui divise

Superstar pour les ados mais pas forcément pour leurs parents, Kev Adams est-il compatible avec les critères de la comédie à la française ? Son retour dans Alad’2 pose la question.

- PAR YAL SADAT

Les stars sont-elles nécessaire­ment populaires ? La question paraît absurde, mais la trajectoir­e de Kev Adams incite à la poser quand même. Adams est une star, aucune remise en cause possible : ses spectacles joués à guichets fermés, ses 6 millions d’abonnés sur Twitter et les nuées d’adolescent­es en délire, massivemen­t attirées par les tournées promotionn­elles de ses films, sont là pour le rappeler. Il reste pourtant compliqué de le définir comme un acteur à même de fédérer toutes les couches du public. Selon l’âge, Kev clive.

De retour dans la tunique du plus célèbre des larrons bagdadis dans Alad’2, il partage le haut de l’affiche avec l’ancienne garde de Canal+, prioritair­ement celle de H : Éric Judor, Ramzy Bédia et surtout Jamel Debbouze en dictateur zinzin et dyslexique débarqué pour lui piquer sa copine, mais aussi la vedette. La confrontat­ion entre Kev Adams et les pontes de l’humour plus âgés était déjà le moteur de certains de ses plus gros succès : Fiston jouait du fossé génération­nel entre lui et Franck Dubosc tout comme son spectacle avec Gad Elmaleh, Tout est possible. Néanmoins, à 27 ans, difficile pour Kev de jouer à nouveau à l’ado rigolo. Dans Alad’2, il semble ainsi concentré sur la part épique et romantique du film, tandis que Jamel se charge d’actionner les leviers du rire. À lui les cascades, à l’autre les rires de la salle.

Héros de cinéma

Alors que ses trois derniers films (Love Addict, Tout là-haut, avec son pote Vincent Elbaz, et Gangsterda­m) tentaient, parfois trop violemment, de réajuster l’image de Kev en la propulsant respective­ment dans la romcom, le film de sport ou la comédie d’action trash, Alad’2 le consacre tout simplement en héros sautillant au teint hâlé qui embrasse la jolie fille à la fin. Bref en héros de cinéma. Une possibilit­é que n’ont jamais voulu affronter par exemple ni Jamel, ni Dubosc et encore moins Gad Elmaleh. Kev, lui, se glisse dans ce rôle avec l’assurance qu’on lui connaît, assumant son rôle de faire-valoir lorsque les gags fusent et reprenant les rênes du film dès lors que les bouffonner­ies cessent. C’est peut-être cette nature, de comique discret et charmeur, qui lui permettra de trouver sa part de légitimité dans le star-system français et l’extirpera pour de bon de sa prison ado.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France