A STAR IS BORN
Bradley Cooper passe derrière la caméra, démaquille Lady Gaga et transforme le mythique Une étoile est née en mélo irrésistible.
Pourquoi tourner un remake d’Une étoile est née en 2018 ? Le scénariste Will Fetters a justifié le bien-fondé de cette nouvelle version en utilisant cette image : « Et si Kurt Cobain n’était pas mort et se réveillait dans le monde de Justin Bieber ? » L’idée, donc, serait de réfléchir à la question de l’intégrité artistique dans une industrie musicale de plus en plus formatée et standardisée. Bradley Cooper interprète un rocker sur le retour, en pleine descente après des années d’excès alcoolisés. Lady Gaga est la jeune star montante, dont la sincérité va être mise à mal par des managers désireux de la transformer en produit de consommation courante. Mais Cooper (ici acteur, réalisateur, producteur, coscénariste) a le bon goût de ne pas transformer son film en une dissertation lourdingue sur la façon dont les selfies et les réseaux sociaux ont transformé le star-système. Lui et sa dégaine « eastwoodienne » préfèrent plutôt jouer à fond la carte du mélo honky-tonk, celui qui donne envie de pleurer dans sa bière ou de reprendre The Shallow (le tube du film) en s’époumonant au karaoké. Il réussit au passage l’exploit d’avoir de l’allure une guitare à la main (peu d’acteurs savent faire ça) et de mettre en boîte des scènes de concert crédibles et franchement électrisantes. Bien sûr, tout ça apparaîtra sans doute un peu trop sucré aux palais délicats. Mais si vous aimez la pop mainstream qui fait frissonner, ou tout simplement pleurer au cinéma, ce film est fait pour vous.