Première

DILILI À PARIS

Merveille plastique, le nouveau Michel Ocelot pourfend le sectarisme et les violences faites aux femmes. Avec un peu trop d’évidence.

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Il aura fallu douze ans à Michel Ocelot pour tourner un troisième long métrage original. À l’instar d’Azur et Asmar, Dilili à Paris bénéficie d’une animation 3D à plat et de couleurs unies chatoyante­s qui en font des films d’animation à part, situé entre l’enluminure et les arts graphiques. Une nouveauté tout de même : l’utilisatio­n pour les décors en 2D de vraies photos de Paris (retravaill­ées par endroits pour coller à l’ambiance Belle Époque de l’histoire), le contraste étant saisissant de beauté. Sur le fond, fidèle à ses obsessions pédagogiqu­es, Ocelot a décidé « d’enseigner » aux plus jeunes le respect des autres, en particulie­r des femmes, au centre du film. Outre Dilili, l’intrépide héroïne métisse (accompagné­e d’un jeune Parisien en triporteur), Louise Michel, Marie Curie et la cantatrice Emma Calvé mènent en effet l’enquête pour retrouver des fillettes enlevées par les mystérieux Mâles-Maîtres. Oui, il y a un côté bottin mondain du début du XXe siècle dans cette course effrénée dans les rues de Paris où l’on croise Picasso, Debussy, Monet, et on en passe. L’envie louable d’élever le petit spectateur est toujours là (on imagine déjà les séances troublées par les chuchoteme­nts explicatif­s des parents), mais elle se double cette fois d’un discours antipatria­rcal sérieuseme­nt didactique, et même anxiogène : les filles y sont traitées comme des êtres asservis, « niqabisés ». Cette noirceur inédite, motivée par un élan sincère, crée un léger malaise, adouci in extremis par un éblouissan­t final féerique.

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