Première

Rami Malek

- PAR SYLVESTRE PICARD

Rami Malek, le héros de Mr. Robot, incarne Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody. Mission impossible ? L’intéressé raconte comment il s’est frotté à son plus gros challenge.

Il faut croire que j’aime me mettre dans des situations impossible­s », répond en souriant Rami Malek quand on lui demande ce qui a pu lui passer par la tête au moment d’accepter le rôle principal de Bohemian Rhapsody : celui de Farrokh Bulsara, alias Freddie Mercury, le légendaire leader du groupe Queen. Il faut l’admettre, dans la catégorie défi, incarner ce chanteur est classé rouge. Comment ne pas tomber dans la caricature ou l’imitation servile ? Freddie Mercury, comme toute icône pop (Elvis Presley, Claude François ou Johnny Hallyday), a engendré ses propres imitations plus ou moins tartes. Rami Malek met les choses au clair : « Je n’ai jamais voulu l’imiter. Mais se frotter à un rôle pareil peut vous dévorer, c’est sûr. » Si vous avez des tympans en état de marche, vous savez forcément reconnaîtr­e une chanson de Queen (150 millions de disques vendus sur la planète, estimation basse) rien qu’à ses premières notes ; et si vous voyez une photo de Freddie Mercury, vous reconnaiss­ez tout de suite l’interprète de Don’t Stop Me Now – forcément unique et inimitable. Rami Malek a toutefois dû enfiler des prothèses pour se rapprocher du bonhomme, mais petit à petit, très prudemment : « Il fallait y aller par petits bouts. Pas à pas. OK, les dents de Freddie Mercury, ça marche comme ça. Quand je les ai maîtrisées, j’ai pu passer aux cheveux. Voilà. Et si j’essayais un de ses mouvements, maintenant ? Je pensais pouvoir incarner une essence de lui. Je ne voulais pas porter un déguisemen­t ou un costume. Le maquillage et les perruques m’ont aidé, j’ai fait du piano, j’ai essayé de chanter le maximum... Mais je ne serai jamais capable de lui rendre justice. Il fallait que je le joue à un niveau humain, que je le déconstrui­se avant de me poser les questions qui fâchent : comment bouger, parler, chanter comme lui ? J’ai essayé de chanter autant que je pouvais, mais je ne sais pas ce qu’en fera l’équipe sonore du film... » La performanc­e vocale devient secondaire face à l’incarnatio­n physique et mentale d’un homme multiple : Bohemian Rhapsody retrace la trajectoir­e de Freddie Mercury, de la formation de Queen (la rencontre avec Brian May et Roger Taylor) en 1970 au fameux concert du Live Aid en 1985. Quinze ans au cours desquels Farrokh Bulsara, fils d’immigrés parsis né à Zanzibar (« C’est aussi une histoire d’immigrant, et ça me parlait vraiment », ajoute l’acteur), est devenu Freddie Mercury en cherchant son image à travers un jeu de scène extravagan­t. Une histoire multiple et complexe que le film ne parvient pas vraiment à résoudre, ni même à façonner, tant il ouvre des dizaines de pistes narratives sans les fermer (la musique, l’art, la célébrité, l’homosexual­ité, l’amitié). Si Bohemian Rhapsody n’a pas réussi, Rami Malek a-t-il trouvé son Freddie Mercury ? Il l’avoue, avec une candeur sincère : « Je suis toujours en train de le chercher. »

BOHEMIAN RHAPSODY De Bryan Singer • Avec Rami Malek, Lucy Boynton, Aaron McCusker... • Durée NC • Sortie 31 octobre

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Rami Malek

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