Première

Reda Kateb

REDA KATEB

- PAR SOPHIE BENAMON

Il brille d’intensité dans Frères ennemis de David Oelhoffen en flic face au voyou qui fut son meilleur ami. D’Un prophète à Zero Dark Thirty, le comédien trace une carrière sans fautes. En est-il de même avec ses déclaratio­ns ?

Plus jeune, je me projetais dans le personnage de Romain Duris dans Gadjo Dilo [de Tony Gatlif]. » France Inter, août 2018

« Projeter, c’est le cas de le dire. J’étais projection­niste à Ivry-sur-Seine quand j’ai découvert le film, que j’ai vu et revu ! Je rêvais de voyage et de musique, du monde tzigane aussi. J’ai vécu plus tard mon Gadjo Dilo quand je suis parti au Maroc enregistre­r des musiciens gnawa. Et bientôt, je chanterai dans un film de Mathias Malzieu. »

On a voulu voir en moi le porte-étendard des comédiens arabes. » Télérama, novembre 2014

« Je me méfie de tout ce qui peut être communauta­ire ou identitair­e. Quand on porte un nom comme le mien, on est vite enfermé dans une case. On a fait de moi une nouvelle incarnatio­n de l’Arabe au cinéma alors que je me sens vraiment comme un citoyen français avec des origines algérienne­s, tchèques, italiennes. Et juste parce que je porte ce nom, l’arabité prenait toute la place. »

Jouer dans des films qui montrent la banlieue autrement, loin des clichés du bourgeois qui fantasme sur les jeunes de quartier, est essentiel pour moi. » GQ, novembre 2014

« Frères ennemis est vraiment l’exemple de ça. Les personnage­s parlent avec leurs codes sans que quelqu’un cherche à forcer le trait, à les caricature­r. Le personnage de flic d’un quartier sensible que m’a proposé David Oelhoffen était une figure manquante dans le cinéma français, alors qu’il en existe beaucoup sur le terrain. »

Je ne cherche pas à tout prix la lumière. On braque trop souvent le projecteur sur le succès. » GQ, novembre 2014

« C’est paradoxal pour un comédien de dire ça, mais c’est l’essence du travail d’acteur d’être dans les paradoxes. À l’époque, je commençais à avoir une petite notoriété et je voulais éviter de prendre la grosse tête. Je n’avais pas envie de réfléchir à la chance que je connaissai­s à ce moment précis. Ça n’apporte pas grand-chose de commenter un succès. »

L’important est de croire que l’on peut changer les choses. » Paris Match, novembre 2016

« On ne peut pas changer le monde avec un film, mais on peut montrer aux gens des films qui les élèvent. La justesse, c’est de croire que les spectateur­s sont intelligen­ts et ont envie de se poser des questions. Je n’aime ni la moquerie, ni la complaisan­ce. Je me souviens de l’importance des débats après les projection­s de Loin des hommes, juste après les attentats. On servait aussi à créer du lien entre les gens. »

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Reda Kateb, à l’affiche de Frères ennemis Sortie 3 octobre • Critique page 100

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