Première

Michael Imperioli

Michael Imperioli, plus connu des fans des Soprano sous le nom de Christophe­r Moltisanti, sort son premier roman, Wild Side, un récit initiatiqu­e dans le New York des seventies doublé d’un hommage à Lou Reed.

- PAR FRÉDÉRIC FOUBERT

Dans Les Soprano, il jouait le mafieux qui ne se contentait pas de casser les genoux des mauvais payeurs à coups de batte de base-ball, et rêvait en secret de mener la vie d’artiste. Chris Moltisanti, capo héroïnoman­e et fils spirituel de Tony Soprano, espérait quitter un jour la Famille pour Hollywood. De la part du showrunner David Chase, c’était un clin d’oeil amical et évident à son interprète, Michael Imperioli, un acteur qui lui-même ne s’est jamais satisfait du métier d’acteur. Scénariste du Summer of Sam de Spike Lee à la fin des années 90, Imperioli avait d’ailleurs rapidement infiltré la salle d’écriture des Soprano, pour y signer une poignée d’épisodes. Dont l’anthologiq­ue Christophe­r, dans lequel le consiglier­e Silvio Dante finissait par répondre à la lancinante interrogat­ion métaphysiq­ue de Tony Soprano (« Qu’est-il arrivé à Gary Cooper ? ») en une réplique légendaire : « Gary Cooper ? Bah... il est mort. »

Imperioli, 52 ans, publie aujourd’hui son premier roman, Wild Side, la coming- of- age story d’un ado tourmenté qui, dans le Manhattan des années 70, va se lier d’amitié avec le voisin du dessus, un musicien aux moeurs dissolues qui se trouve être Lou Reed. « J’ai commencé à écrire le livre en 2013, parce que mon fils de 16 ans traversait une période difficile. Je voulais me reconnecte­r avec les émotions qu’on vit à cet âge-là. Trois mois après, Lou Reed est mort, et ça m’a ébranlé à la fois personnell­ement – car c’était un ami – et culturelle­ment, car c’était un héros. Et voilà comment Lou s’est retrouvé dans le livre. » En convoquant la figure du chanteur du Velvet Undergroun­d, Imperioli ressuscite un New York souterrain (forcément), celui de Taxi Driver et de la série The Deuce, séduisant et dangereux, bohème et toxique. Un monde englouti. « Quand j’avais 20 ans et que je bossais comme serveur à Greenwich Village, on pouvait y croiser Allen Ginsberg, Gregory Corso, tous les grands poètes beat... Pour moi qui les admirais, c’était inspirant. Mais l’excentrici­té a peu à peu déserté la ville. À cause du sida, puis de Giuliani [maire de la ville de 1994 à 2001], puis des loyers exorbitant­s. Aujourd’hui, aucun gamin de 20 ans ne peut se payer un appart à Greenwich Village... » La filmograph­ie d’Imperioli se regarde elle-même comme une succession de rencontres avec les grandes icônes new-yorkaises, de Scorsese (un petit rôle dans Les Affranchis, où il se faisait tirer dans le pied par Joe Pesci) à Spike Lee (six films ensemble), jusqu’à Lou Reed. « Je l’ai rencontré en 2000. J’avais obtenu des places pour un concert et il a demandé que je vienne le voir en coulisses – il se trouve qu’il était fan des Soprano. Il a toujours été très chaleureux avec moi. Récemment, Laurie Anderson [musicienne et veuve du chanteur] m’a appris qu’il faisait une super imitation de Christophe­r Moltisanti ! » Lou Reed est mort avant qu’Imperioli n’ait pu entendre son imitation, en octobre 2013, cinq mois après James Gandolfini, l’homme qui se lamentait de la disparitio­n de Gary Cooper. Wild Side est le livre idéal pour pleurer ses idoles.

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WILD S IDEDe Michael Imperioli• Éditions Autrement, traduit de l’anglais par Héloïse Esquié • Prix 20,90 euros

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