SUR UN PLATEAU
La saison 7 d’Engrenages, la série phare de Canal+, sera diffusée début 2019. En attendant, voici quelques précieux éléments d’information glanés sur le tournage au printemps dernier.
Engrenages Saison 7
Il y a bientôt deux ans, Audrey Fleurot, interprète de l’avocate pugnace Joséphine Karlsson, nous expliquait que la saison 7 d’Engrenages serait la dernière. La série policière française toucherait à sa fin après 76 épisodes diffusés entre 2005 et 2019. Quatorze ans d’enquêtes fouillées, de crimes sordides, de filatures interminables, d’interrogatoires musclés, de batailles juridiques épiques, d’insubordinations répétées, de relations professionnelles virant à l’intime, de drames personnels... Quatorze ans dont il faudrait faire le deuil, comme de ses personnages complexes et attachants ( Laure, Gilou, Tintin, Roban et Joséphine). Voilà à quoi il faudrait se préparer d’ici la fin de la diffusion de la saison 7, prévue pour début 2019 sur Canal+ ? Pas si sûr, si l’on en croit la scénariste Marine Francou, successeur d’Anne Landois, showrunner historique de la série. « Tout est possible, notamment un éventuel spin- off », nous confiait- elle mystérieusement en juin dernier, au beau milieu d’entrepôts qui constituent l’un des décors principaux de la saison. Inutile de la cuisiner, nous n’en saurons pas plus, suffisamment cependant pour alimenter de nouveaux fantasmes (une série centrée sur le populaire juge Roban ? Sur Tintin, qui aurait semble-t-il changé de fonction et qu’on ne verra que ponctuellement dans cette nouvelle saison ?).
Les entrepôts sont situés dans un parc industriel de Pantin, en région parisienne. Laure (Caroline Proust) et Gilou (Thierry Godard) procèdent à une descente chez des grossistes chinois, suspectés de blanchiment d’argent. « L’objectif de cette saison est de faire comprendre les mécanismes bancaires qui permettent à l’argent sale de rester et de circuler en France, explique Marine Francou. Un commissaire de la brigade financière nous a particulièrement aidés sur ces questions, inspirées des affaires “Virus” et “Fièvre jaune”. Ce faisant, on s’inscrit dans la thématique principale d’Engrenages, à propos de la faillite de nos institutions. » « La criminalité en col blanc est intéressante car elle ne concerne pas de vrais méchants, ajoute Véra Peltékian, de la direction de la fiction à Canal+. Les responsables ont des familles, ils ne pensent pas faire du mal. » Le sujet est certes passionnant mais ce qui nous intéresse aussi, c’est de connaître l’état de la relation entre Laure et Gilou qu’on a laissés en froid, un enfant sur les bras ! Si Francou reste gentiment évasive sur cette question épineuse, le cordial Thierry Godard nous éclaire un peu. « Au début de la saison, j’en veux énormément à Laure. Il y a une rancoeur, une tristesse par rapport à ce rôle de père que Gilou aurait aimé tenir. » Dans la scène du jour, en tout cas, les deux personnages affichent une complicité rigolarde face à l’éternel rival de Gilou, le commissaire Brémont ( Bruno Debrandt). Tout semble au beau fixe, en apparence. « À la fin de la saison 6, le groupe était si éclaté qu’il a fallu trouver un événement fédérateur pour le rassembler », justifie Marine Francou. On n’en dira pas plus, sinon que l’événement est de taille et qu’il ne concerne pas Tintin, en congé de la brigade – et partiellement de la série. À part ça, quid de Joséphine et du juge Roban, tous deux dans une mauvaise passe dans la saison 6 (elle, judiciairement parlant, lui, physiquement) ? « On a “miraculé” Roban, répond Francou, amusée. Il est chargé de deux affaires dont celle du blanchiment d’argent. Quant à Joséphine, elle va encore se retrouver en conflit avec Laure en assistant maître Edelman [ Louis-Do de Lencquesaing] qui défend l’un des suspects du dossier principal. »
Paroles de flics
À l’arrière-plan de la séquence du jour, on aperçoit fugitivement Tewfik Jallab (La Marche, Ce qui nous lie), nouveau venu dans la série et remplaçant de Tintin dans la brigade. Jusque dans ses rapports musclés avec Gilou ? « Mon personnage est issu de l’école de police, explique l’acteur. Il fait partie de cette génération de flics très procédurière qui va découvrir, à travers Gilou, une approche du terrain, disons, particulière. On a essayé de développer quelque chose d’assez fort entre eux. » « De sensuel, blague Godard. Plus sérieusement, il y a quelque chose de très humain entre Ali et Gilou qui n’était pas dans le script et que nous avons peaufiné en jouant. À l’arrivée, leurs rapports sont presque fraternels. » « Quand on passe des heures en voiture pour une scène de planque, on se raconte nos vies entre les prises, embraye Tewfik Jallab. Ça crée des liens. Thierry a six saisons au compteur, j’avais parfois l’impression de bosser avec un vrai flic. » Au détour de la conversation, on apprend que le comédien n’était pas familier de la série. « J’avoue, je ne l’avais jamais regardée et je ne l’ai toujours pas fait. L’idée était d’arriver neuf sur le plateau et d’apporter une autre énergie. Peut- être que si j’avais vu quelques épisodes, j’aurais été plus impressionné par Thierry et Caroline. » Piliers de la série, Godard et Proust (dit comme ça, ça impressionne un peu) seraient-ils garants de son ADN ? « Nous ne sommes que des interprètes mais nous intervenons beaucoup, déclare celui qui joue Gilou depuis les débuts de la série. On réécrit beaucoup les scènes sur le plateau, parfois on conseille les réalisateurs. On sait par exemple comment se tenir à distance d’un suspect et d’autres choses comme ça apprises au cours de toutes ces saisons. Ça a sans doute été un peu dur pour Marine de nous voir nous approprier son travail mais elle a fini par lâcher du lest. C’était dans l’intérêt de la série. »
« NOUS NE SOMMES QUE DES INTERPRÈTES MAIS NOUS INTERVENONS BEAUCOUP. » THIERRY GODARD