Première

... ET LES AUTRES

À nouveau acteur dans Pupille, où il est désarmant en assistant social, Gilles Lellouche revient sur le raz-de-marée du Grand Bain, l’événement ciné du dernier trimestre.

- PAR CHRISTOPHE NARBONNE

Gilles Lellouche

PREMIÈRE : Il y a un mois, vous nous disiez que Le Grand Bain était un film qui vous ressemblai­t. Son succès, c’est donc une déclaratio­n d’amour de la part du public ?

GILLES LELLOUCHE : (Rires.) Ah oui, d’entrée, boum ! Je ne prends pas ce succès comme une adhésion à ce que je suis, mais à ce que je fais. C’est déjà énorme. En revanche, ça me rassure et ça m’encourage à faire un autre film.

Un échec ou un semi-échec vous aurait-il fait baisser les bras ?

Je me souviens que le demi-succès de Narco, dans lequel je m’étais beaucoup investi même si ce n’était pas un film personnel, m’avait beaucoup attristé. Je l’avais cependant un peu anticipé en voyant un premier bout à bout de plus de 2 h 30, à la fin du tournage. Le lendemain, j’avais pleuré dans l’avion en y pensant : j’avais fantasmé un film qui ne s’articulait pas comme on le voulait. C’était très douloureux. Quand j’ai vu le premier ours [version montée brute] du Grand Bain, j’ai trouvé que c’était difforme, gras, mais je savais que c’était le film que j’avais en tête. D’ailleurs, si j’ai mis autant de temps à faire ce deuxième long métrage [sans compter Les Infidèles, dont il a réalisé un segment], c’était par volonté de verrouille­r les choses.

Le succès peut-il rendre revanchard ? Vous nous disiez avoir morflé ces dernières années.

Ce ne serait pas la meilleure façon de profiter de ce moment génial. Si revanche il devait y avoir, elle s’est opérée malgré moi : des journaux qui ne s’intéressai­ent pas à ce que je faisais ont soudain changé d’avis sur moi. Je n’ai rien provoqué.

Le succès efface-t-il alors les mauvaises années ?

Elles sont inhérentes au métier d’acteur. Je vais refaire des conneries et je vais en connaître d’autres ! (Rires.)

Vous allez désormais devoir composer avec deux casquettes : l’acteur populaire et le réalisateu­r bankable.

Il risque même d’y avoir des malentendu­s. Quand la suite des Petits Mouchoirs va sortir, tout le monde dira : « Tiens, c’est le film avec le réalisateu­r du Grand Bain. »

Il ne faut pas tout confondre. On parle de deux métiers différents. Mais je vois ce que vous voulez dire. Je ne vais sans doute pas aborder ma carrière d’acteur avec la même légèreté, voire la même insoucianc­e désormais. J’ai pris un tel plaisir à faire Le Grand Bain que j’ai envie d’aller vers des rôles qui m’emballent vraiment. Mais pour être honnête, je ne peux pas prédire ce qui va se passer.

PUPILLE

De Jeanne Herry • Avec Élodie Bouchez, Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche... • Durée 1 h 47 • Sortie 5 décembre • Critique page 101

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