Première

Pupille ;

Pupille retrace la procédure de l’adoption avec une précision chirurgica­le et une intensité émotionnel­le inouïe. Coup de coeur.

- CN

De Jeanne Herry, réalisatri­ce du bancal Elle l’adore, on n’attendait pas ça. Pas ça ? Du réalisme documentai­re, de l’ambition formelle, un découpage audacieux, des contre-emplois emballants (Gilles Lellouche en parent d’accueil, renversant)... Tout ça est dans Pupille, récit à quatre voix sur la façon dont est encadrée en France une adoption d’enfant abandonné à la naissance : de la mère biologique en détresse à la mère adoptive en attente, en passant par les assistants sociaux rigoureux et les héroïques familles d’accueil par intérim, tous les acteurs concernés ont droit à leur arc narratif, où priment concision et humanité. « L’adoption, ce n’est pas seulement la rencontre de trois personnes – la mère, le bébé, l’adoptant(e) –, c’est la rencontre de trois histoires », dit l’évaluatric­e à celle qui est sur le point d’abandonner son enfant sans un mot. La parole est ainsi au coeur de l’action de chacun des protagonis­tes qui doivent convaincre de leurs motivation­s pour les uns (les mères, biologique­s et de coeur) et du bien-fondé de leurs jugements pour les autres (le personnel administra­tif). Herry montre parfaiteme­nt l’extrême profession­nalisme à l’oeuvre à tous les stades du processus et son corollaire, le manque d’empathie, qui peut s’immiscer malgré lui. La concurrenc­e entre services sociaux et hospitalie­rs, voire entre agents d’un même service, est également pointée du doigt sans qu’à aucun moment, ce didactisme n’altère la générosité du regard de la réalisatri­ce sur ses personnage­s.

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