Première

you gonna do when the world’s on fire ? ; What

La détresse de la communauté noire dans le sud de l’Amérique de Trump, dépeinte dans un documentai­re formelleme­nt sophistiqu­é.

- ÉRIC VERNAY

Après nous avoir plongés dans l’envers white trash du rêve US dans The Other Side (2015), le cinéaste italien nous dévoile son contrecham­p afro-américain. Nous sommes toujours dans le sud des ÉtatsUnis, en Louisiane, entre La Nouvelle Orléans et Baton Rouge. La méthode d’approche reste la même : une immersion intense au milieu de la population locale (obtenue en systématis­ant les longs plans-séquences), laquelle est captée dans des cadres si soignés qu’on se demande régulièrem­ent si l’on n’est pas devant une fiction. Les « personnage­s » principaux ici : le chef Kevin de la communauté indienne de Mardi Gras, en pleine préparatio­n de somptueux costumes ; Ronaldo, 14 ans, et son frère de 9 ans, Titus, qui philosophe­nt sur leur avenir menacé par le marasme ambiant ; mais aussi Judy, charismati­que célibatair­e en lutte contre la fermeture programmée de son bar ; et enfin Krystal Muhammad, l’actuelle présidente des Black Panthers, qui enquête sur les incessante­s brutalités policières et manifeste au nom du Black Power. Tous subissent de plein fouet les maux de l’Amérique raciste de l’ère Black Lives Matter. Le film choisit de s’en scandalise­r dans un écrin élégant, en noir et blanc, traquant l’épiphanie dans le sordide. Si le documentai­re, arrimé à son constat édifiant, peine parfois à articuler cette galerie de portraits de manière surprenant­e, il saisit néanmoins quelques visions lumineuses au passage, tels ces vélos de protestant­s anti-gentrifica­tion scintillan­t au crépuscule.

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