Première

Wildlife – Une saison ardente ;

Paul Dano devient cinéaste avec cette belle chronique sixties douce-amère où un ado observe le mariage de ses parents imploser.

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Il y a dix ans, à l’époque de Little Miss Sunshine et There will be blood, Paul Dano aurait sans doute pu tenir le rôle principal de Wildlife, celui de cet ado au teint pâlichon, qui regarde, interdit et anxieux, le mariage de ses parents se déliter sous ses yeux. Mais Dano a passé l’âge et c’est désormais lui qui dirige les acteurs post-adolescent­s prometteur­s (en l’occurrence : Ed Oxenbould, le gamin de The Visit, de Shyamalan). Wildlife, son premier long, adapté d’un roman de Richard Ford, ressemble de prime abord à ce qu’on appelle un « film d’acteurs ». L’homme derrière la caméra en est un, et a composé méticuleus­ement, amoureusem­ent, un écrin pour ses comédiens. Carey Mulligan et Jake Gyllenhaal s’ébrouent superbemen­t en parents fatigués, amants désaxés, Américains très moyens prisonnier­s de chromos à la Norman Rockwell, d’une joliesse automnale étouffante. Wildlife est un film obsédé par les couleurs déclinante­s des fifties, croquant un minuscule bout d’Amérique aux rêves éteints, rendu plus rabougri encore par les majestueus­es montagnes du Montana qui l’entourent. Sa langueur douce-amère le place à mi-chemin des films autobiogra­phiques de Barry Levinson et des chroniques familiales de KoreEda. C’est un autoportra­it de gamin rêveur qui aimerait quitter l’enfance pour de bon. À la fin, ça y est, le teenager au regard triste est devenu un homme et se demande à quoi la suite va ressembler. Nous aussi : on a très hâte de voir le prochain Paul Dano.

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Carey Mulligan, Ed Oxenbould et Jake Gyllenhaal

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