Première

CREED II

Une suite qui ne retient pas ses coups mais joue la sécurité : très plaisant à regarder, Creed II pèche par manque d’audace.

- SP

À la sortie de Creed – L’Héritage de Rocky Balboa, Michael B. Jordan disait qu’il s’agissait d’un one shot, promis juré. L’oeuvre d’un fan/ fils, Ryan Coogler, qui rendait autant hommage à Apollo Creed qu’à son père, fan de Rocky II. Mais voilà, le carton du film a ranimé la franchise Rocky et, on le sait depuis Hérodote, la vengeance est le moteur de l’histoire : en l’occurrence, Creed II rejoue Rocky IV avec le fils d’Ivan Drago (celui qui a tué Apollo Creed en 1985) comme nouvel adversaire d’Adonis. Très efficaceme­nt shooté (les scènes de boxe sont exaltantes comme il se doit), le film suit une structure prévisible (combat, défaite, montage séquence d’entraîneme­nt) avec comme originalit­é la confrontat­ion d’Adonis avec sa propre paternité. Stallone joue avec brio sa partition de vieux Balboa revenu de tout (on le nommerait bien à l’Oscar pour la scène géniale où il engueule gentiment les services municipaux de Phidadelph­ie pour une histoire de réverbère cassé), mais Creed II n’offre pas l’opportunit­é à Dolph Lundgren de dire adieu à son rôle d’Ivan Drago, réduit à un très gros caméo (l’apparition de Brigitte Nielsen fera quand même plaisir aux fans). Le face-à-face entre Drago et Balboa aurait pu être bouleversa­nt : il est finalement anecdotiqu­e. Creed II reproduit sans trop oser. Au milieu du film, il y a cette scène fascinante où Bianca donne à Adonis le choix de briser le cycle de la vengeance. Et des remakes, et des suites à gogo, et de la logique industriel­le américaine. Et très clairement, Adonis dit non. Il préfère se battre, et même si c’est prévisible, c’est dommage.

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Michael B. Jordan et Sylvester Stallone

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