Première

ORAL STORY

LesTroisFr­ères raconté par BERNARD CAMPAN, PASCAL LÉGITIMUS, DIDIER BOURDON, MICHEL LENGLINEY, ANTOINE DU MERLE, ALAIN CHOQUART & PATRICK BORDIER

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Les Trois Frères

_ BERNARD CAMPAN : Entre 1989 et 1992, on n’a pas arrêté une minute. On a fait au moins six émissions de télé en plus de la scène, c’était un peu épuisant. Alors j’ai décidé de prendre quelques mois sabbatique­s pendant que Didier tournait ailleurs. Puis est venue une envie de cinéma.

_ PASCAL LÉGITIMUS : C’était l’étape logique après la radio, le théâtre et la télévision. On est acteurs, on utilise toutes les formes à notre dispositio­n pour nous exprimer.

_ DIDIER BOURDON : Ça nous trottait dans la tête depuis un moment, mais on n’a pas trouvé l’idée des Trois Frères tout de suite. _BERNARD CAMPAN : Un soir, on a dîné avec Jean-Marie Poiré et Claude Berri, qui souhaitait que l’on fasse un film avec lui. Il a dit : « Il faut leur trouver des trucs. Pourquoi pas un film à sketchs ? Peut-être dans un camping... » Poiré a un peu botté en touche en lui expliquant qu’on était capables d’écrire nous-mêmes.

_ PASCAL LÉGITIMUS : J’ai évidemment participé à l’élaboratio­n de l’histoire, même si je ne suis pas crédité comme coscénaris­te. J’ai insufflé des idées au départ et comme Bernard et Didier fonctionne­nt bien en binôme, on a décidé qu’ils écriraient et que j’allais plutôt être le troisième oeil.

_ DIDIER BOURDON : On notait des choses à droite et à gauche, un peu comme pour les sketchs, sauf qu’on savait que le travail allait être différent. C’était aussi ce qui nous intéressai­t. À partir du moment où on a trouvé l’idée de trois frères de la même mère mais de pères différents, on a développé le synopsis.

_BERNARD CAMPAN : Le principe était de partir de nos trois personnali­tés, en caricatura­nt. Ça nous a aidés à écrire, c’était le moteur.

_ DIDIER BOURDON : Ça ne veut pas dire que ces personnage­s sont nos doubles, mais le côté « rangé » de Légitimus fait partie de ce qu’il est dans la vie. Bernard est un peu

Fin 1995. Au sommet de leur popularité à la télévision et sur scène, Les Inconnus font le grand saut au cinéma. Le trio revient sur la création des qui leur a offert sept millions d’entrées en salles et un César du meilleur premier film. PAR FRANÇOIS LÉGER Trois Frères,

tout fou, un peu brouillon. (Rires.) Et puis moi, je suis une sorte de leader, parfois de mauvaise foi, qui a la pêche et la seconde d’après peut être down... On a gardé nos prénoms dans le film car ça s’inscrivait dans cette démarche.

_BERNARD CAMPAN : Pour mon personnage, je me suis beaucoup inspiré de Frédéric Bador, un ami malheureus­ement décédé, qui a travaillé longtemps avec nous au théâtre, puis au cinéma. Il disait souvent : « Y a pas de blème ! » (Rires.) Il possédait un langage différent du mien. J’ai grossi certains de mes traits, je suis souvent le mec qui comprend les choses en retard, une heure après. Et j’étais le seul de l’équipe à fumer des pétards, ce genre de choses... (Rires.) Je suis parti vers ce côté gentiment paumé. Le triangle avait tout pour fonctionne­r, il y avait toujours un personnage pour emmerder l’autre.

_ DIDIER BOURDON : Claude Berri nous avait demandé de travailler avec des auteurs qu’on connaissai­t un peu. C’est là qu’on a fait appel à Michel Lengliney.

_MICHEL LENGLINEY : Avec Didier, on avait écrit un scénario sur Victor Hugo qu’il aurait aimé incarner. Et puis l’affaire a capoté. Un jour, il m’a téléphoné pour me parler des Trois Frères. Les Inconnus étaient en tournée, j’ai donc pris ma voiture pour les rejoindre à Lille, dans leur hôtel. Je revois encore Bernard Campan avec son petit cahier Clairefont­aine à spirales, commençant à me lire les quelques idées qu’ils avaient. Il fallait bâtir un scénario, se dégager du sketch. Garder l’esprit des Inconnus et glisser vers Les Trois Frères. J’ai dû travailler sur les deux premiers tiers. À partir de là, Didier et Bernard tenaient leur scénario. Quelques années après, je me suis installé rue des Trois Frères, à Montmartre. Le destin !

_ DIDIER BOURDON : Bon, avec tout le respect que je lui dois, Michel n’a pas écrit grand-chose en fait... C’est un mec super sympa, mais ce n’était pas son univers. Et puis les auteurs de théâtre au cinéma, ce n’est pas toujours évident. Ils sont peut-être plus bavards là où un regard suffit. C’est une autre écriture, beaucoup plus elliptique en règle générale.

_BERNARD CAMPAN : Mais Michel a notamment trouvé le nom de la famille Rougemont, les beaux-parents du personnage joué par Didier. Il avait carrément écrit une scène de procession. (Rires.)

_ MICHEL LENGLINEY : Je les ai connus dans la vraie vie les Rougemont. Les cathos, les coincés... Je les ai bien en tête et si je peux me moquer d’eux, ça vient très vite.

_BERNARD CAMPAN : Au départ, c’était une famille de gens riches, d’un milieu social élevé. Sauf qu’en préparatio­n, on a trouvé le gag : « Votre colin, avec ou sans patates ? » C’était juste avant le tournage. Et là, on s’est rendus compte que madame Rougemont ne pourrait pas lâcher « patate », elle dirait « pomme de terre ». Mais le gag était tellement magnifique ! On a choisi d’oublier la famille huppée et d’en faire des gens beaucoup plus modestes, plus simples.

_DIDIER BOURDON : On a longtemps réfléchi à l’héritage. Quel serait son contenu ? Michel avait même pensé que les trois frères pourraient hériter d’un costume de leur mère. Et un jour, j’ai suggéré : « Si on galère autant à trouver, c’est qu’il ne faut pas qu’il y en ait. En fait, le vrai héritage, c’est leur famille. » Ça a vraiment été la découverte du film. J’aime bien quand l’histoire peut s’arrêter au bout de dix minutes : ils auraient pu se séparer et ne jamais plus se revoir.

« LE TRIANGLE AVAIT TOUT POUR FONCTIONNE­R, IL Y AVAIT TOUJOURS UN PERSONNAGE POUR EMMERDER L’AUTRE. » BERNARD CAMPAN

_BERNARD CAMPAN : En parallèle, Didier avait contacté Paul Lederman*, qui était notre producteur sur scène et à la télévision.

_ DIDIER BOURDON : Je le regrette profondéme­nt d’ailleurs. Il n’était pas producteur de cinéma, c’était presque une pièce rapportée. Il ne voulait pas mettre d’argent dans le film ! Il nous a pourri la vie. Il nous a fait chier sur les contrats, et puis il emmerdait Claude Berri qui n’en pouvait plus. Lederman nous a fait perdre du temps à cause de ses retards de paiement. J’avais beau lui répéter qu’on avait un plan de tournage et que des décors allaient nous passer sous le nez, rien n’y faisait. Et quand ça s’est enfin dénoué, il m’a dit : « Ça y est, ton film est fait. » Cette phrase m’avait énervé : « Eh bien non, tout reste à faire monsieur Lederman... »

_ BERNARD CAMPAN : Quand il venait sur le plateau, ce n’était pas nos jours préférés. (Rires.) On aurait pu faire le film sans lui, mais on n’a pas eu les cojones. On ne pouvait pas se permettre de le vexer puisqu’on avait encore des spectacles avec lui. Mais le torchon commençait déjà à brûler.

_ DIDIER BOURDON : Comme Lederman ne voulait pas mettre de billes dans le film, le producteur René Cleitman [décédé depuis] avait également été mis dans le coup. Il a vu la première mouture du scénario, avec la maman qui meurt au début. Ça l’a refroidi : « Pour moi, ce n’est pas une comédie. » Et il s’est retiré. Ça a failli tout foutre en l’air parce que Berri a commencé à avoir peur. C’était notre premier film et, à l’époque, c’était très mal vu que des mecs venus de la télé fassent du cinéma. Les gens pensaient que ça allait être une catastroph­e. C’est Claude Zidi – il avait lu le scénario que Berri avait dû lui donner – qui lui a dit : « Mais c’est formidable, fais-le. » Il a relancé la machine, et Claude y a cru à nouveau. Sauf qu’il continuait à tergiverse­r... À un moment, je me suis levé et je lui ai balancé : « De toute façon, je ne travaille pas avec des vieux. » Et là, il m’a répondu : « Tape dans la main, on le fait. » (Rires.) Il faut parfois en venir à ces extrémités dans ce métier. Peut-être qu’il a senti que j’y croyais vraiment. _PASCAL LÉGITIMUS : Quand on a commencé à chercher l’enfant qui allait interpréte­r Michaël, on savait qu’on ne pouvait pas se louper. Il y a eu un gros casting avec beaucoup de gamins.

_ DIDIER BOURDON : Un jour, j’étais malade et Bernard m’a appelé : « Putain, Claude veut qu’on fasse des essais avec Jordy ! » (Rires.)

_BERNARD CAMPAN : Berri m’a dit : « Il y a un gamin qui fait Dur dur d’être un bébé, ça cartonne. » « Oui, mais s’il n’est pas bon comédien ? » « Ben on sait jamais, ça peut aller, faut l’auditionne­r ! » On s’est retrouvés face à un môme qui était trop jeune et qui n’en avait surtout rien à foutre.

_ DIDIER BOURDON : Pour lui, c’était juste un jeu. Il disait les phrases sans y mettre le ton.

_ PASCAL LÉGITIMUS : Et puis, il représenta­it tout ce qu’on critiquait !

_ BERNARD CAMPAN : Outre Antoine du Merle, qui a finalement eu le rôle, on avait aussi repéré un autre gamin, plus formaté. Claude flippait qu’on choisisse Antoine parce qu’il n’avait aucune notion de la caméra : il regardait l’objectif durant les essais ! Didier lui a tenu tête en lui affirmant qu’on devait prendre le risque. Il valait mieux un gamin génial avec lequel on allait se débrouille­r au montage plutôt qu’un enfant bien propre avec qui il ne se passait rien à l’écran.

_ DIDIER BOURDON : Quand Claude a vu ce que Jordy donnait, il a accepté : « Prenez votre gamin. » (Rires.)

_ ANTOINE DU MERLE : J’étais déjà dans une agence qui m’a envoyé sur le casting des Trois Frères, et j’ai sûrement eu un coup de bol d’être accepté. Mes parents n’étaient pas spécialeme­nt passionnés par les humoristes. Pour moi, Les Inconnus étaient vraiment des inconnus. J’avais 6 ans quand on a commencé et j’ai fêté mes 7 ans sur le tournage. L’équipe avait décoré la cantine pour moi, j’ai mangé un super gâteau et mes plats préférés. C’est l’anniversai­re qui m’a le plus marqué !

_BERNARD CAMPAN : Il était malin, il avait bien compris son pouvoir : s’il ne voulait pas tourner, on était emmerdés ! On était obligés de faire selon sa volonté...

« UN JOUR, BERNARD M’A APPELÉ : “PUTAIN, CLAUDE VEUT QU’ON FASSE DES ESSAIS AVEC JORDY !” » DIDIER BOURDON

_ ANTOINE DU MERLE : Il n’est pas impossible que j’aie été un peu capricieux, ça ne m’étonnerait pas de moi !

_BERNARD CAMPAN : À un moment – et c’était douloureux pour nous – on lui a dit que ce n’était plus possible : « Rentre à l’hôtel, on va réfléchir. Si tu ne changes pas d’attitude, on va prendre un autre petit garçon. » Ce qui n’était pas du tout faisable, puisque le tournage était déjà bien avancé ! Il s’est senti bête et nous a promis qu’il ne recommence­rait plus.

_ DIDIER BOURDON : Après, ça a été comme sur des roulettes. Il était magique, Antoine.

_BERNARD CAMPAN : Pour la réalisatio­n, on a eu un super scripte, Patrick Aubrée, qui nous a aidés pour le découpage. Et un conseiller technique, Pascal Rémy, imposé par Berri. Claude flippait un peu : « C’est pas pareil la télé. » Il était prudent et angoissait qu’on n’y arrive pas. Rémy devait coréaliser, mais Didier a pris les choses en main. C’est plus lui qui est vraiment réalisateu­r, même si on a toujours préparé les choses, à deux, en amont.

_ DIDIER BOURDON : Sur toutes les scènes où on jouait seuls, il y avait bien évidemment le regard de l’autre pour nous guider. Et puis le combo existait déjà, ça nous permettait de revoir la scène. Ça m’arrivait très souvent de parler de moi à la troisième personne : « Il faudrait que Didier se mette là. » C’était super, mais par contre, on avait un chef opérateur un peu chiant...

_ ALAIN CHOQUART : J’avais déjà pas mal collaboré avec Bertrand Tavernier sur des films tout terrain et Claude aimait ma disponibil­ité envers les metteurs en scène. Essentiel pour un premier film. C’est lui qui m’a appelé pour travailler sur Les Trois Frères.

_ DIDIER BOURDON : Ce n’est pas avec Alain Choquart que j’avais les meilleurs rapports. Il nous a regardés un peu de haut au début, ne sachant pas si on savait vraiment ce qu’on voulait.

_ ALAIN CHOQUART : C’était vraiment de la parano, on les sentait assez fragiles. On n’était pas là pour les prendre de haut, au contraire ! Le plus difficile, c’était de leur faire comprendre sans les brusquer que la télévision, ce n’était pas tout à fait la même chose que le cinéma. Ils étaient totalement néophytes. Par exemple, ils étaient surpris quand mon assistante prenait un mètre afin de mesurer la distance pour faire la mise au point. Ils pensaient qu’on se moquait d’eux ! J’ai même assisté à une scène, en salle de montage, où ils étaient en colère. Ils lançaient : « Arrêtez de nous prendre pour des cons ! », parce que l’assistante chargeait une bobine pour l’image et une autre pour le son. Avec la télé, ils étaient habitués à ce que tout soit sur la même pellicule !

_ DIDIER BOURDON : Choquart ne connaissai­t pas la comédie non plus. On était sûrement plus perfection­nistes qu’il ne l’avait anticipé, peut-être qu’on le faisait chier. (Rires.)

_ PASCAL LÉGITIMUS : Il connaissai­t parfaiteme­nt les cadres, la focale, la lumière. Sur certains plans, il nous disait : « C’est pas joli. » Certes, mais nous voulions que ce soit drôle. L’humour l’emportait sur la technique.

_ ALAIN CHOQUART : Dès que l’occasion se présentait, je faisais des plans qui amenaient un peu de dimension cinématogr­aphique, du rythme, du souffle, des nuances. Si vous faites tout en champ-contrecham­p, vous tombez dans la télé. Et à la lecture du scénario, j’ai senti une folie qui demandait de la caméra à l’épaule, de la spontanéit­é. Mais je voyais bien que ce n’était pas la peine d’insister dans les scènes de comédie, ils voulaient cinq champs-contrecham­ps qui permettaie­nt ensuite de monter exactement comme ils le souhaitaie­nt.

_ BERNARD CAMPAN : Il y avait énormément de pression, on avait peur même s’il a fallu apprendre à se faire confiance. Il y a quelques années, je suis retombé sur le manuscrit : c’est bourré de rouge, on a changé plein de choses durant le tournage. Le montage était une soupape pour nous.

_DIDIER BOURDON : « Le plus difficile, c’est la comédie », m’a confié Ridley Scott, avec qui j’ai tourné Une grande année [2007]. Il a raison. On ne peut pas se permettre de faire uniquement des choses esthétique­s, sinon ça ne fonctionne pas. Par exemple, la scène du repas où je dis « cent patates », c’était forcément du champ-contrecham­p. Un peu comme dans un film de mafieux, il fallait retranscri­re la pression sur mon personnage. Le père qui parle, la fille qui se fait engueuler et se raidit, la mère qui ne pipe mot... C’est presque du Sergio Leone.

_ ALAIN CHOQUART : En même temps, c’est un vrai point de vue, surtout quand le comique repose sur les expression­s de l’acteur. Et toutes les décisions qu’on prend au tournage, c’est un peu moins de liberté au montage.

_BERNARD CAMPAN : Le budget ? Ça n’a jamais été un problème, même si, dans mes souvenirs, il n’était pas énorme.

_ PATRICK BORDIER : Quand même ! Le devis déposé au CNC était d’environ 44 millions de francs. C’était très correct. Les Inconnus ont touché à eux trois six millions de francs, ce qui, par contre, n’était pas beaucoup vu leur niveau de notoriété à l’époque. Après, ils ont eu un intéressem­ent sur les entrées.

_ DIDIER BOURDON : Heureuseme­nt d’ailleurs, c’est un peu notre retraite ! Ça nous permet aussi d’avoir une certaine liberté, de pouvoir dire non à des rôles. _ PATRICK BORDIER : Je me rappelle que c’était très compliqué avec Lederman, qui avait imposé une contrôleus­e des dépenses sur le film. Elle était là durant tout le tournage, une fois pas semaine. Bon, au final, elle n’a pas eu à contrôler grand-chose. (Rires.) C’était clair, pas d’entourloup­es, comme pour toutes les production­s de Claude Berri.

_BERNARD CAMPAN : Quand on lui a proposé de faire le juge, Claude était super content. D’ailleurs Didier flippait un peu de le diriger ce jour-là. En fait, on était surpris de le voir doux comme un agneau ! Il faisait ce qu’on lui demandait et acceptait les critiques sur son jeu.

_ PASCAL LÉGITIMUS : Après, le succès du film nous a échappé. Nous avons eu l’intelligen­ce de faire une tournée théâtrale de septembre à décembre dans toute la France. Les Trois Frères est sorti le 13 décembre 1995. C’était donc une sorte de prépublici­té, un peu comme ce qui a été fait par la suite avec Bienvenue chez les Ch’tis, projeté dans le Nord avant sa sortie. Cette technique a aidé à faire monter en flèche la fréquentat­ion en salles.

_BERNARD CAMPAN : Les sept millions d’entrées, c’était inespéré. Mais je pense qu’on ne se rendait pas vraiment compte de l’importance que ça avait. On a vécu une telle série de succès entre 1989 et 1995, et même jusqu’en 1997 avec Le Pari... Des tas de prix, des salles pleines. On était un peu blasés, ça devenait presque normal, même si ça nous faisait très, très plaisir. Quand Le Pari a fait quatre millions, on s’est dit : « Ah merde, c’est quand même moins. » (Rires.)

_ DIDIER BOURDON : Le César du meilleur premier film ? On ne s’y attendait pas du tout. On était les premiers comiques à le recevoir. On était contents mais bon, on s’en fout, non ? La reconnaiss­ance du milieu, c’est tellement des trucs de mode, de magouilles...

_BERNARD CAMPAN : En y repensant, c’est quand même incroyable d’avoir reçu le César pour une comédie. Je l’avais presque oublié.

_ DIDIER BOURDON : Dans les coulisses, on a croisé Claude Sautet qui avait beaucoup aimé le film. Là, ça nous a vraiment fait plaisir.

_ PASCAL LÉGITIMUS : Bernard m’a dit de monter pour qu’on soit tous les trois sur scène. C’était très gentil de sa part mais ce sont eux qui se sont coltiné le montage, moi je suis arrivé en back-up. Et je les remercie de m’avoir permis de participer à cette aventure de manière à la fois marginale et impliquée.

_ DIDIER BOURDON : Les critiques étaient globalemen­t très mauvaises ; Télérama avait descendu le film. Mais un an plus tard, ils mettaient le bonhomme qui sourit. (Rires.) Bon, tout ça n’a pas beaucoup de sens.

_PASCAL LÉGITIMUS : On a eu des critiques très négatives de l’intelligen­tsia. J’ai lu des choses comme : « sketch d’une heure et demie », « pas bons comédiens », « histoire banale », « pas crédible ». Pour Les Trois Frères : Le Retour, c’était copier-coller, voire encore plus méchant. J’ai tout gardé, je suis la mémoire des Inconnus. Je ne suis pas rancunier mais j’ai trois ou quatre noms de critiques... Un jour, ça va faire mal. Les gens ne sont pas si Charlie que ça en France.

_ DIDIER BOURDON : Il faut voir la vie d’un film sur le long terme. Les Trois Frères tient encore des années après. Même la chanson du générique que j’ai écrite, je la trouve toujours jolie. Doux Daddy... Mon copain d’enfance, Olivier Bernard, a fait l’orchestrat­ion et Catherine Ringer a accepté de la chanter. Une vraie chance.

_ PASCAL LÉGITIMUS : Pour la suite, il y avait une telle demande des jeunes qu’on s’était dit qu’on allait boucler la boucle. Je pense qu’il manquait une dramaturgi­e forte, une épée de Damoclès. Si on avait comblé ce manque, il y aurait sûrement eu moins de critiques agressives. Mais le plaisir de se marrer ensemble me manque. Didier et moi en avons très envie et Bernard moins.

_BERNARD CAMPAN : Ce n’est pas tant le demi-succès ou l’échec du Retour qui est en cause, plutôt l’investisse­ment que ça demande. Je ne me sens pas du tout de repartir.

_ PASCAL LÉGITIMUS : On ne va pas le forcer. Un autre film ? Pourquoi pas, mais je préférerai­s la scène. Qu’on se réunisse une dernière fois, sans se brûler les ailes, pour retrouver cette énergie. Et puis chacun retournera­it à son hospice ! On pourrait – sans prétention aucune – faire des Zénith pendant deux ans. Sinon, il y aurait un petit goût d’inachevé. Ce serait presque indécent de ne pas le faire.

« LE CÉSAR DU MEILLEUR PREMIER FILM ? ON NE S’Y ATTENDAIT PAS DU TOUT. » DIDIER BOURDON

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 ??  ?? Trois Frères Bernard Campan et Didier Bourdon sur le tournage des Bernard Campan, Antoine du Merle Didier Bourdon, et Pascal Légitimus
Trois Frères Bernard Campan et Didier Bourdon sur le tournage des Bernard Campan, Antoine du Merle Didier Bourdon, et Pascal Légitimus
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Antoine du Merle
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Pascal Légitimus, Bernard Campan et Didier Bourdon
 ??  ?? Les Inconnus avec Bruno Lochet et Yolande Moreau
Les Inconnus avec Bruno Lochet et Yolande Moreau
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