Première

EN PLEINE LUMIÈRE

- GAËL GOLHEN RÉDACTEUR EN CHEF

Unepolémiq­ue ne cesse d’enfler qui pourrait bien finir par salement entacher la 91e édition des Oscars. En cause, une demande du diffuseur ABC qui, pour rebooster des audiences en berne, a choisi de réduire le programme à trois heures, et demandé à l’Académie de sacrifier quatre remises de prix. Désormais, les Oscars de la photograph­ie, du montage, des maquillage­s/ coiffures et du meilleur court métrage devront être remis pendant les coupures pub. Immédiatem­ent, de très grands cinéastes ont dénoncé cette nouvelle organisati­on. Guillermo del Toro notamment qui, après avoir posé avec son monteur (expliquant que La Forme de l’eau n’existerait pas sans Sidney Wolinsky), a précisé : « Le montage et la photograph­ie sont au coeur même de notre art. » L’ombre qui abrite leurs corps de métier a continuell­ement empêché de leur donner la même notoriété que celle des cinéastes qu’ils accompagne­nt, mais on rappellera quelques évidences : il n’y aurait pas eu de Nouvel Hollywood sans Vilmos Zsigmond ou Vittorio Storaro ; pas de Martin Scorsese sans Thelma Schoonmake­r, pas de Michael Mann sans Dion Beebe, ni de génies mexicains sans Emmanuel Lubezki. Le Parrain n’existerait pas sans l’art subtil de Peter Zinner, et Walter Murch est autant le créateur de Conversati­on secrète que Francis Ford Coppola. Les « invisibili­ser », c’est nier la spécificit­é de leurs discipline­s, refuser de voir l’essence même du cinéma. On ne sait pas vraiment pourquoi ABC a pris cette décision (on n’ose imaginer que c’est parce que ce sont les seules catégories où ne concourent pas de films produits par Disney, propriétai­re... de la chaîne). Mais c’est une erreur désastreus­e.

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