Première

PARADIS PERDU

Primé au festival d’Annecy et aux Emile Awards 2018 (European Animation Awards), Funan de Denis Do raconte le terrible quotidien d’une famille sous le règne des Khmers rouges. Son réalisateu­r nous en commente quelques images.

- u PAR SOPHIE BENAMON

Denis Do ne savait pas, qu’un jour, il porterait à l’écran l’histoire de sa famille. Né à Paris en 1985, il est plus attiré par la culture chinoise de son père que par l’héritage cambodgien que lui transmet sa mère. En 2006, il intègre la prestigieu­se école des Gobelins. Ses maîtres à penser sont Zhang Yimou, Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Dans son film de fin d’études, Le Ruban, il raconte une histoire d’amour pendant la Révolution culturelle chinoise. C’est à cette époque qu’il prend conscience que le parcours de sa mère dans le Cambodge des Khmers rouges, et plus particuliè­rement comment cette dernière a été séparée de son grand frère pendant quatre ans, doit être raconté. En film d’animation. « Pour moi qui n’ai pas été nourri aux films Disney, l’animation n’était pas un genre qu’on devait réserver aux enfants. On peut faire de la fiction pour adultes comme nous l’ont montré les Japonais. » À partir de 2009, il met toute son énergie dans l’abou- tissement de ce projet. Avec sa mère, il retourne au Cambodge et commence à la fois un travail de mémoire et d’enquête. « Pour autant, mon film est une fiction basée sur des faits réels. J’ai beaucoup pensé à Vivre ! de Zhang Yimou qui suit une famille sur quarante ans d’histoire chinoise. » Dans Funan, tout commence aussi avec le symbole de la bonne humeur : le repas pris dans la joie et le désordre dans une maison de Phnom Penh en 1975. Le plan d’après, les couverts et les bols sont renversés. Les habitants sont arrachés de leur maison et jetés sur la route. Dès lors, les membres de cette famille vont vivre un enfer.

Newspapers in French

Newspapers from France