« JE ME SUIS POSÉ EN RUPTURE DE SCHINDLER »
Le réalisateur de Sunset, en salles le 20 mars, n’a pas hésité à mettre sa caméra dans une chambre à gaz à l’époque du Fils de Saul. Et s’est attiré l’admiration de Steven Spielberg comme de Claude Lanzmann.
« J’étais adolescent lorsque j’ai vu Schindler pour la première fois [Nemes est né en 1977] et c’est un film qui m’avait touché par sa brutalité.
Il m’avait fait réfléchir, j’avais été très impressionné. Je l’ai revu bien après, au moment où j’étais en train de faire
Le Fils de Saul. Inconsciemment, je me posais en rupture de Schindler, je faisais un film complètement différent. Quand j’ai rencontré Spielberg la première fois, il m’a dit qu’il croyait que beaucoup de films, après Schindler, allaient lui emboîter le pas, allaient parler d’une manière non conventionnelle de la Shoah, et ça n’est jamais arrivé jusqu’à ce qu’il voit Le Fils de Saul… Donc c’est sûr que… bon c’était assez important qu’on me dise ça.
J’ai eu la chance de parler de Lanzmann avec Spielberg et inversement ! Je sais qu’ils se respectaient énormément et qu’ils étaient réconciliés depuis longtemps. Mais c’était très étrange et un peu irréel de « naître » entre ces deux-là. Avec Spielberg, on est restés en contact après l’Oscar [du meilleur film étranger], il était extrêmement bienveillant et généreux à mon égard. Ce qui nous unit et lie nos films, c’est notre souci de transmettre, de renseigner, de faire connaître l’existence des camps de la mort à de nouvelles générations. Et de faire ressentir des choses qui n’ont jamais été éprouvées ou qui ont été perdues. »