Première

« LA PETITE FILLE AU MANTEAU ROUGE, C’EST MON PÈRE ! »

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Le metteur en scène des Témoins de Lendsdorf, en salles le 13 mars, entretient un lien extrêmemen­t intime avec Steven Spielberg et La Liste de Schindler.

« C’est très particulie­r pour moi de parler de La Liste de Schindler, l’histoire de ma famille est très liée à celle du film. Mon père avait été envoyé dans le ghetto de Cracovie et il était aussi là le jour de sa liquidatio­n, lorsque les Allemands ont débarqué et ont traqué tous les habitants pour les envoyer dans les camps. Mais il a réussi à se cacher et à échapper aux nazis. Il m’a tout raconté de cet horrible jour, il a tout vu à travers une vitre, il a entendu tous les pleurs, les cris et les balles. Il devait avoir à peine un ou deux ans de plus que la petite fille au manteau rouge, qu’Oskar Schindler observe pendant la rafle du ghetto. Contrairem­ent à elle, il a survécu, mais au prix de cicatrices particuliè­rement profondes. À chaque fois que je regarde le film, quand je vois la petite fille en rouge, je pense à mon père… La Liste de Schindler a d’autant plus impacté ma vie que Spielberg a créé la Shoah Foundation après la sortie du film et que j’y ai travaillé comme opérateur caméra en Israël pendant des années. J’ai pu y interviewe­r très longuement un personnage clé du film, Helen Hirsch, qui était la servante d’Amon Goeth. J’ai interrogé des centaines de survivants de la Shoah pendant des années : ça a eu un impact évident sur Les Témoins de Lendsdorf, mon premier film, où je voulais raconter ce travail méticuleux qui consiste à recueillir des témoignage­s. La Liste de Schindler, grâce au style unique de Spielberg, parvenait à recréer le passé. Mon film est de la génération suivante, celle qui doit le recomposer à l’aide des témoignage­s et des documents. »

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