Première

LE MYSTÈRE HENRI PICK

Rémi Bezançon adapte le polar littéraire de David Foenkinos pour un résultat décevant malgré le duo Fabrice Luchini – Camille Cottin.

- SOPHIE BENAMON

Un auteur est-il nécessaire­ment une personne cultivée ? C’est la question centrale qui traverse Le Mystère Henri Pick, dont le récit nous conduit au fin fond de la Bretagne où une jeune éditrice découvre un manuscrit dans une bibliothèq­ue accueillan­t tous les livres refusés par les éditeurs. Là, dans un amas de médiocrité­s, elle tombe en arrêt sur cette pépite cachée, écrite par Henri Pick, pizzaïolo mort deux ans plus tôt, qui n’avait jamais montré d’intérêt pour la littératur­e. Le roman devient un phénomène littéraire. Tout le monde crie au génie sauf un homme : Rouche (Fabrice Luchini), animateur d’une émission littéraire. Il doute sérieuseme­nt du miracle, subodorant que le piège du marketing mettant en scène les instants warholiens de gloire fugace a encore frappé. Le film raconte donc la quête effrénée de vérité de cet empêcheur d’encenser en rond. Et devient un Luchini movie auquel Bezançon a cependant adjoint la toujours impeccable Camille Cottin en étoffant – par rapport au roman de David Foenkinos – le rôle de la fille de Pick, elle-même à la recherche de la vérité. Mais si le tandem d’acteurs fonctionne à merveille, le cinéaste a oublié ce qui constituai­t l’un des charmes de son deuxième long, Le Premier Jour du reste de ta vie : la place essentiell­e laissée aux personnage­s secondaire­s. Malgré le talent de leurs interprète­s (Alice Isaaz, Bastien Bouillon...) ils n’ont pas d’espace dans le récit pour exister et la narration y perd en puissance. Jusqu’à une résolution bâclée qui résume l’état de frustratio­n dans lequel laisse le film.

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