UMBRELLA ACADEMY
Laissant les héros Marvel de côté, Netflix s’ouvre à de nouveaux horizons superhéroïques. Une création maison à la narration désordonnée et aux rebondissements ahurissants qui redonne un coup de fouet au genre.
Après avoir bouclé ces dix épisodes, on est un peu sonné. Décontenancé. Et on a même du mal à se rappeler de la manière dont tout a commencé... Umbrella Academy est une de ces séries un peu folles, à la narration désordonnée, riche de récits superposés et de rebondissements ahurissants. Mais c’est surtout une série de superhéros intéressante et, par les temps qui courent, ce n’est pas rien. À l’origine de l’intrigue, il y a des naissances inexpliquées. Quarante-trois enfants dotés de pouvoirs surprenants viennent au monde, un jour d’octobre 1989, alors que leurs mères n’étaient pas enceintes. Un riche inventeur, Sir Reginald Hargreeves, se met en tête d’adopter ces étranges nourrissons pour les former à sauver l’humanité. Il réussit à en acquérir sept et les élève dans un vaste manoir, créant ainsi la Umbrella Academy. Mais, des années plus tard, le groupe est dissous, la famille dispersée. Les enfants ont grandi et vont finalement se retrouver pour l’enterrement de leur « père », mort dans des circonstances suspectes... Pas de doute, on est bien dans un drama de superhéros. Tous les codes sont là, des masques aux pouvoirs en passant par les costumes, et ce fameux QG de style gothique – que les fans de X-Men identifieront tout de suite comme une sorte d’institut Xavier.
FORCE DE L’ADAPTATION.
De prime abord, on serait donc dans une série de genre assez classique... mais ceux qui se délectent des comics de Gerard Way et Gabriel Bá depuis une décennie savent déjà que l’histoire va prendre une tournure follement originale. Et la force de l’adaptation de Netflix est d’avoir réussi à prendre la mesure de la singularité du matériel d’origine, aussi bien sur le plan esthétique que narratif. Il n’est évidemment pas simple de rendre justice à l’imagination débordante des BD, mais Netflix a mis du budget, les effets spéciaux sont superbes et les auteurs ont capturé la délicieuse étrangeté des comics : ton mélancolique et personnages merveilleusement dingues. Voilà qui change des sempiternels univers uniformisés de DC, Marvel & Cie. Et si l’on s’agace parfois du rythme décousu et de la lenteur des révélations, quand les twists commencent à pleuvoir, on range les parapluies sans se faire prier.